Télécoms

«On a vu une course de communication, une course au déploiement, reflétée dans les médias. [...] Certains vous ont dit qu'ils avaient la meilleure 4G et ils ont fait un site pour le dire [Orange, avec Quialameilleure4g.com], d'autres vous ont dit qu'ils couvraient Paris [SFR]. En tous cas, c'est la première fois dans l'histoire de la technologie mobile que l'on a une technologie qui va plus vite que le fixe [avec l'ADSL]

 

Mercredi 25 septembre, en donnant le coup d'envoi de son nouveau réseau quatrième génération (4G), qui sera effectif le 1er octobre et couvrira d'emblée 63% de la population, Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom, n'a pas hésité à recourir aux piques provocatrices.

 

Avec un petit goût de victoire: il n'était pas gagné d'avance que l'opérateur obtienne l'autorisation par l'Arcep, le gendarme des télécoms, de reconvertir en 4G ses sites en 1 800 Mhz, jusque-là réservés à la 2G. Pour lancer son offre, il va proposer à tous les mobinautes possédant un smartphone compatible de tester la 4G pendant un mois: ils pourront obtenir gratuitement dans les boutiques une carte SIM 4G valable un mois.

Retour d'une stratégie de conquête

Par ailleurs, Olivier Roussat a annoncé mardi 1er octobre, lors de l'ouverture officielle du réseau 4G de Bouygues Telecom en présence de la ministre déléguée à l'Economie numérique et à l'Innovation Fleur Pellerin, la création de 200 emplois de conseillers en clientèle en CDI, dans le cadre du déploiement de la 4G.

 

«Avec l'arrivée de Free, nous avons été sur la défensive pendant 18 mois, faisant 400 millions d'euros d'économie. A présent nous passons à un statut offensif: nous repartons en conquête», a-t-il ajouté.


Pour ce lancement, selon nos informations, Bouygues Telecom a prévu un plan médias d'importance, avec notamment des spots TV conçus par l'agence DDB, diffusés à partir de ce 1er octobre au soir. 

Performances décuplées

De leur côté, Orange et SFR travaillent eux aussi à déployer leur réseau 4G, en mettant les bouchées doubles: «On n'a jamais déployé un réseau mobile aussi vite en France que celui de la 4G», déclarait le PDG d'Orange, Stéphane Richard, début septembre. Ils devraient couvrir 40% du territoire français d'ici à la fin de l'année.


En tous cas, l'arrivée du très haut débit mobile tombe à point nommé pour les opérateurs, qui vont mettre sur le marché de nouveaux services - et de nouveaux tarifs, avec des forfaits entre 30 et 70 euros. Le tout avec des capacités dopées: quand les forfaits 3G permettaient d'utiliser 2 à 3Go de données mobiles par mois, les forfaits 4G proposent maintenant jusqu'à 6Go chez Orange, 8Go chez Bouygues et 9Go chez SFR, avec la possibilité d'avoir 1Go depuis l'étranger. Et pourquoi pas relancer la formule classique du forfait avec subvention, auquel Free Mobile a apporté un sérieux coup de canif.


Tous tentent de faire œuvre de pédagogie à travers leurs campagnes publicitaires, lancées depuis plusieurs mois. Avec à la clé de nouveaux usages prometteurs: téléchargements de photos, d'albums de musique et de films, mais aussi jeux vidéo en réseau seront dopés grâce à la vitesse de la 4G, dont le débit sera jusque cinq fois plus élevé qu'en 3G. Les opérateurs commencent à y greffer des services, par exemple de visioconférence, ou de stockage distant de données dans leurs clouds respectifs, pour Orange et SFR.

Enjeux de contenus

Derrière cela, les opérateurs - et des acteurs de l'audiovisuel, tel TF1 - ont engagé une bataille des contenus. Qui passe par des partenariats exclusifs. Le 25 septembre, Bouygues Telecom annonçait ainsi des accords avec You Tube, et avec Gameloft pour des jeux vidéo. Il proposera aussi une cinquantaine de chaînes TV en live et en haute définition.

 

SFR, de son côté, avait annoncé quelques jours auparavant des partenariats avec Napster pour la musique, Canal Play pour le cinéma et les séries, Gameloft pour les jeux ou encore Coyote pour l'information routière.

 

Orange, pour sa part, propose 70 chaînes de TV en haute définition, l'accès exclusif à tous les matchs de la Ligue 1 jusqu'au 31 mai 2014, ou encore un service de musique avec Deezer.


Reste à convertir les utilisateurs: un sondage publié fin septembre par le cabinet Deloitte révélait que seuls 6% des 2 000 sondés disposaient d'un téléphone 4G, et 57% déclaraient ne pas être prêts à souscrire à une offre 4G. Une autre étude Ipsos pour l'opérateur Prixtel, publiée ce 1er octobre, révélait que 74,4% des sondés n'étaient pas intéressés par une offre 4G.

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