publicité
Deux ans après la création du label, plus de 1 200 gammes de produits en bénéficient. Mais sa progression est freinée par le coût parfois prohibitif de la certification.

Des tarifs opaques, trop élevés pour les TPE et PME, des options payantes farfelues... Le label «Origine France garantie», lancé en septembre 2011 par Pro France, doit faire sa mue. «En arrivant à la tête de l'association il y a six mois, je me suis rendu compte que le prix pouvait être un frein pour les petites entreprises, admet Audrey Canestrier, la secrétaire générale de Pro France. Aujourd'hui, le tarif pour une PME n'ayant qu'un site de production et pas trop de sous-traitants est de 1 000 euros par an. Pour les groupes comme Peugeot, cela a pu aller jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros par an. Cela va changer: dès novembre, nous allons mettre en concurrence notre prestataire, Bureau Veritas Certification, avec deux autres organismes et les tarifs pourraient baisser de 30%.»

 

Autres mauvaises surprises pour les entreprises, les options payantes, comme la remise officielle du label qui leur est facturée 900 euros (hors taxes) par l'organisme certificateur. «Cela aussi va évoluer, poursuit Audrey Canestrier. Je ne comprends pas que ce soit payant alors que l'association Pro France et son président, le député Yves Jego, participent gracieusement à ces cérémonies.»

 

Le coût de l'argument «indiscutable»

Une façon aussi, pour l'organisme Pro France, de répondre au rapport sur la marque France, remis en juin dernier à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, qui préconisait «la démocratisation de l'accès au label pour les TPE/PME par un mécanisme de compensation financière [...] et un accès simplifié et gratuit pour les TPE artisanales.»


Jusqu'ici, le label «Origine France garantie» a toutefois rencontré un certain succès, puisque plus de 1 200 gammes de produits sont certifiées. «Là où le made in France n'impose que 43% de valeur ajoutée en France, “Origine France garantie” nécessite d'en réaliser plus de 56%», rappelle Philippe Peyrard, directeur général délégué de la chaîne d'opticiens Atol, qui dispose d'une demi-douzaine de gammes labellisées, pour un coût de plus 15 000 euros par an.

 

Pourquoi ce label est-il si onéreux? «Il s'agit de véritables audits. Un contrôleur de gestion se déplace dans l'entreprise pour procéder aux vérifications. Les tarifs dépendent donc du nombre de jours passés sur place, qui varie selon le nombre de produits à certifier et de sites de production», précise Laurence Massera, responsable communication de Bureau Veritas Certification.

 

Vincent Gruau, PDG de Majencia (750 salariés, 110 millions d'euros de chiffre d'affaires), société spécialisée dans le mobilier de bureau, a contribué à l'élaboration du label: «Pour éclairer les consommateurs, nous voulions quelque chose d'indiscutable, et qu'il ne soit pas possible de rajouter une vis en France pour obtenir la certification», explique-t-il. Aujourd'hui, Majencia dispose de quinze gammes certifiées, pour un coût de 7 500 euros par an.

 

Mais le retour sur investissement du label est compliqué à mesurer. «Il ne suffit pas d'estampiller des produits pour qu'ils s'arrachent comme des petits pains, note Philippe Peyrard, d'Atol. En revanche, quand le consommateur hésite entre deux lunettes, l'argument “Origine France garantie” fait souvent pencher la balance.» Même constat de la part de Vincent Gruau, de Majencia: «Sur le marché du mobilier de bureau, en décroissance, l'argument du fabriqué en France et le label m'aident à mieux résister.»

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.