étude
L’indice de professionnalisation des relations ONG-entreprises souligne une progression de la prise en compte des ONG comme parties prenantes de la stratégie des entreprises du CAC 40. Mais des efforts d’intégration et de communication restent à faire.

Il n'y a pas que la philanthropie dans la vie! Pour faire face aux multiples enjeux sociétaux de la mondialisation, les grandes entreprises sont appelées à diversifier leurs relations avec les organisations de la société civile. Au-delà de la logique traditionnelle du mécénat, il s'agit de mettre en place des formes de dialogue avec les ONG, des partenariats et projets en coconstruction, mais surtout d'intégrer ces relations au cœur de la stratégie d'entreprise.

La deuxième édition de l'indice de professionnalisation de la relation des entreprises du CAC 40 avec les ONG de Be-Linked, cabinet-conseil spécialisé dans les relations entreprises-ONG, montre une prise en compte croissante de ces organisations dans la politique sociétale des grandes entreprises.

Mais si 35 sociétés sur 40 identifient désormais les ONG comme des parties prenantes à part entière (contre 26 en 2012), la note de 25 d'entre elles ne dépasse pas la moyenne de cet indice. D'après Jérôme Auriac, directeur général de Be-Linked, les entreprises en queue de classement sont celles qui «ne sont pas confrontées au problème, pas questionnées» par des campagnes d'interpellation d'ONG, qui «servent souvent de déclencheur». Elles opèrent pour la plupart en B to B ou dans «des activités peu impactantes» d'un point de vue environnemental et sociétal (informatique ou encore consulting).

Philantrophie intéressée

À l'inverse, les entreprises les mieux notées ont souvent des métiers qui sous-tendent de forts enjeux sociétaux (impact sur les écosystèmes ou encore implantation sur des territoires touchés par la pauvreté). C'est le cas de Total, Carrefour ou encore Bouygues et surtout de Danone, seule société du CAC 40 à dépasser la note de 25/30: le groupe agroalimentaire a créé plusieurs fonds d'investissement, qui lui permettent d'intégrer les ONG dans sa chaîne de valeur.

Parmi les résultats de cette politique, la création d'une marque de yaourts destinée à lutter contre la malnutrition au Bangladesh, à travers une entreprise coconstruite avec le Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus. Mais si Danone s'implique autant dans ses relations avec les ONG, ce n'est pas par philanthropie mais «pour innover, gagner des marchés», souligne Jérôme Auriac, qui a accompagné «sur le long terme» le groupe agroalimentaire.

Le directeur général de Be-Linked insiste sur la nécessité d'adopter une vision stratégique en matière de relations entreprises-ONG, à travers la construction d'outils méthodologiques internes. Un moyen pour les entreprises d'améliorer leur réputation, de se différencier, mais surtout d'assurer la gestion du risque opérationnel. Et pour les ONG, la possibilité de diversifier leurs ressources et leur influence.

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