A l'orée de l'année 2014, l'agence de communication indépendante Herezie a élevé sa pyramide hiérarchique d'un niveau. Elle vient de recruter une ligne intermédiaire de direction, avec les arrivées de Capucine Deren (ex-TBWA Paris) au poste de directrice associée, de Thibaut Ferrali (ex-Cheil) à celui de directeur du planning stratégique et de Blaise Izard (ex-TBWA Paris Else) à celui de directeur de la production audiovisuelle. «Cette deuxième ligne managériale aura pour mission de mieux suivre nos clients et de soutenir la croissance de l'agence, souligne Andrea Stillacci, cofondateur d'Herezie et directeur de la création. Le recrutement de Thibaut Ferrali permettra à Luc Wise [autre cofondateur] d'avoir plus de temps pour la gestion de l'agence.» Alexander van Walsum, ancien-Juggernaut (Los Angeles) et JWT, rejoint également Herezie en tant que directeur de création.
Pierre Callegari, troisième cofondateur et ancien président de l'agence Callegari Berville, reste une pierre angulaire du système Herezie. «Je libère Andrea Stillacci et Luc Wise de tout ce qui n'a pas trait au travail pour nos clients et accessoirement, je compte les sous», s'amuse-t-il. A ce propos, l'agence, créée en mars 2010, a réalisé un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros et une marge brute de 8 millions d'euros en 2013 pour une cinquantaine d'employés, selon ses fondateurs. Des chiffres confortés par des gains de budgets en toute fin d'année, comme la marque de produits d'hygiène masculine Williams, le site Internet de services à la personne Famihero, les magazines Femme actuelle et Gala (Prisma Média) et une marque alimentaire bio. L'enseigne viendrait également de remporter la communication d'une marque alimentaire, à la suite d'une compétition paneuropéenne.
Mais c'est un autre budget qui a placé Herezie sous les feux des projecteurs en 2013. C'est en effet l'agence qui a signé la direction artistique et la scénographie de l'exposition Louis Vuitton dans une malle géante sur la place Rouge à Moscou en novembre dernier. Une opération qui a suscité l'ire des nationalistes locaux et fait parler beaucoup d'elle.
Havas, Publicis et... Herezie
«L'année 2014 est un tournant important pour nous, car nous sommes en train d'élargir le périmètre de nos activités, en particulier dans la communication événementielle et les marketing services, note Andrea Stillacci. En ce moment, nous sommes en discussion avec des boîtes de production dans les domaines du design sonore et visuel, en vue d'établir un ou plusieurs partenariats. Si nécessaire, nous aurons l'autonomie financière afin de procéder à des rachats.»
Herezie met en avant son profil international, puisque Andrea Stillacci est italien et Luc Wise, anglais. «Aucun d'entre nous n'est franco-français, nous sommes une agence à Paris, mais pas une agence française», revendiquent-ils. Une particularité dont ils se sont servis pour gagner des budgets internationaux, comme ceux d'Essilor et de marques du groupe Unilever (Brut, Signal, Williams et Zendium). «Notre ambition est de créer un troisième grand groupe de communication à côté de Havas et de Publicis», déclarent Pierre Callegari, Andrea Stillacci et Luc Wise.
Dans cette perspective, quelles seront les conséquences sur leur marché de la fusion annoncée entre Publicis et Omnicom? «Chez les grands groupes, deux tendances prédominent: la concentration et la rationalisation, explique Luc Wise. La rationalisation du portefeuille des agences de réseau touche toutes les exceptions culturelles qui ne peuvent pas être répliquées à l'étranger, si bien qu'elles disparaissent. D'un autre côté, chez les enseignes challengers à forte valeur créative qui ont disparu récemment, on peut constater désormais qu'elles étaient une sorte de "Canada Dry" de l'indépendance dans lesquelles l'actionnaire était resté très présent. Au fil des mécontentements, les patrons de ces agences s'en vont.»
