crise
La filiale française de l’entreprise de restauration américaine est attaquée sur sa politique fiscale. Un sujet plus politique que grand public.

Le 22 janvier, le magazine L'Express jetait un pavé dans la mare du roi du hamburger révélant une enquête menée par Bercy sur ses pratiques fiscales. Via ses filiales luxembourgeoises et genevoises où atterriraient notamment les commissions versées par ses 314 franchisés, l'entreprise échapperait ainsi au fisc français. Manque à gagner: 2,2 milliards d'euros depuis 2009.

«La tempête médiatique s'est enclenchée car cette révélation se greffe sur un contexte global négatif concernant la fiscalité des grandes entreprises en France», explique Jean-Christophe Alquier,fondateur de l'agence corporate Alquier Communication. Face à la crise, Jean-Pierre Petit, président-directeur général de McDonald's France, intervient le week-end suivant sur le plateau de l'émission Capital sur M6.

Le même jour, l'ancien publicitaire a pris soin d'envoyer à tout son carnet d'adresses personnel un mail - dont Stratégies a eu connaissance - dans lequel il se justifie. Il y dément catégoriquement le chiffre des «2 milliards jeté en pâture» et affirme que son entreprise s'est acquittée d'«un milliard d'euros d'impôts sur les cinq dernières années qui se répartissent environ à 50/50 entre McDonald's et ses franchisés».

 

Optimisation ou évasion fiscale ?

L'image de McDo est-elle menacée? «Le poids de cette marque est extrêmement fort aujourd'hui en France. En raison d'un travail d'image très habile depuis dix ans en termes de transparence notamment et grâce à l'amélioration de la qualité de ses produits, McDonald's bénéficie d'un taux de satisfaction relativement élevé au sein de sa clientèle», estime Patrica Chapelotte, de l'agence Albera Conseil spécialisée en communication d'influence. On est loin en effet de l'impact d'un scandale sanitaire.

La question centrale de cette affaire concerne bien plus les milieux économiques et politiques. S'agit-il d'une pratique d'optimisation fiscale (légale) ou d'évasion fiscale (illégale)? Dans son mail, Jean-Pierre Petit se dédouane: «Les différences de fiscalité entre les États sont un fait et c'est aux États de changer la loi si la situation actuelle est source d'abus dans certaines entreprises.»

Or si c'est à Bercy que revient la réponse, celle-ci risque de prendre du temps, celui de la législation. Sans compter qu'une telle remise en question des pratiques fiscales des entreprises risquerait de réveiller la protestation des grands patrons du CAC 40. Enfin, «Bercy prendra-t-il le risque de sanctionner un McDonald's gros employeur et gros acheteur de matières premières françaises? Je l'imagine assez mal», conclut Jean-Christophe Alquier.

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