Blablacar (ex-Covoiturage.fr), créé en 2006, vient de réaliser une levée de fonds record de 73 millions d’euros. Objectif: se développer à l’international, notamment en Inde, Brésil et Turquie. Son cofondateur, Frédéric Mazzella, trente-six ans, croit au potentiel de l’économie collaborative.

Vous avez annoncé début juillet une levée de fonds de 100 millions de dollars [73 millions d'euros] auprès du fonds d'investissement Index Ventures. Un montant record depuis celle de Deezer en 2012. Qu'est-ce qui a séduit les investisseurs?

 

Frédéric Mazzella. A chaque levée de fonds précédente, nous avons atteint notre objectif. Là, nous sommes rentables, nous sommes leaders en France [la SNCF a acquis en septembre 2013 le concurrent 123envoiture.com] et nous avons su dupliquer notre modèle à l'étranger. Surtout, nous avons une chance incoyable, en tant que start-up, de reposer sur un modèle quasi-inexistant à l'étranger, celui d'un site de covoiturage avec une dimension communautaire. Il existe juste quelques offres au Québec ou en Allemagne, avec Mitfahrgelegenheit.de.


Vous affichez pour objectif de développer le covoiturage à l'international. Quels pays visez-vous?

 

F.M. Nous sommes déjà présents dans douze pays en Europe, ainsi qu'en Russie, avec en tout 8 millions de membres. Nous avons maintenant en ligne de mire, d'ici 12 à 18 mois, la Turquie, le Brésil, l'Inde et un pays d'Europe de l'Est. Pour nous lancer dans un pays, il faut notamment trouver une équipe sur place, ce qui passe souvent par le rapprochement d'une start-up locale, ce que nous avons fait pour la Pologne, et il faut que le marché soit intéressant pour le covoiturage.


Quels sont justement les points communs des prochains pays où vous comptez vous lancer?

 

F.M. Ils ont en commun un fort développement des réseaux sociaux, de la téléphonie mobile, de la bande passante disponible sur place, un coût élevé de l'essence et une population urbaine importante.


Vous pensez que l'économie collaborative [«sharing economy»] est vouée à un avenir florissant?

 

F.M. Oui, car il s'agit de services articulés via Internet, où il y a aussi un partage des frais. Dans le cas du covoiturage, les internautes évoquent surtout le côté humain, des rencontres faites pour l' occasion. Avec pour corollaire la construction, via notre site, des relations de confiance entre des internautes qui ne se sont jamais rencontrés, sujet de notre première campagne publicitaire, il y a un an. Les profils sur notre site sont ainsi certifiés, avec les numéros de téléphone et e-mails vérifiés par Blablacar Le covoiturage peut aussi être une manière de rationaliser l'usage de la voiture, qui engouffre 10% du produit intérieur brut en France. De plus en plus de gens vivent en ville avec une voiture, et on n'en n'est qu'au début. J'ai d'ailleurs toujours trouvé cela dommage que la communication publicitaire des marques automobiles promeuve essentiellement l'usage individuel de l'automobile: on voit souvent un conducteur seul dans les publicités.

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