Et si l'avenir du m-commerce, c'était le papier? Le 3 décembre est arrivé en kiosque un Biba un peu particulier: tous les produits présents dans les pages rédactionnelles peuvent être achetés en un coup de pouce pour être livrés à domicile. Un clic de photo plus exactement. Une opération rendue possible grâce à l'application Zoomdle. Pas de QR code. «Une fois l'appli téléchargée, le lecteur photographie le produit sur la page avec sa tablette ou son smartphone, explique Axel Canus, DG de Zoomdle. Par la reconnaissance du contour, des couleurs et de la texture, l'appli reconnaît le produit et propose directement de l'acheter.» Cosmétiques, modes, tout est possible.
«C'est un fantasme des éditeurs de presse féminine qui se réalise!», avoue Alexandre Dutreil, éditeur de Biba. Zoomdle est née dans la tête de Philippe Journo, 68ème fortune de France et PDG de la Compagnie de Phalsbourg, qui détient plusieurs centres commerciaux dont le dernier-né est Waves, à Metz. Si Zoomdle est testé sur quelques pages depuis plusieurs mois, c'est donc aujourd'hui tout le magazine qui sera photographiable. Biba passe ainsi de 15 pages «zoomdlable» à une centaine. Grazia et Vital, également du groupe Mondadori, suivront dans les prochaines semaines.
Dénicheurs de tendance
Concrètement, comment cela fonctionne? Le média, lui, n'a rien à faire. «Nous envoyons nos pages en PDF en amont, et Zoomdle se charge des partenariats avec les marques [citées et mises en image dans les articles]», précise Alexandre Dutreil. La société fonctionne pour l'essentiel comme une marketplace. Elle propose aux marques d'être référencées sur sa plate-forme. «A ce jour, nous avons 15 000 références, réparties sur 350 partenariats de marques. Seule Chanel a refusé», détaille Axel Canus. Sephora, Marionnaud, Menlook, Esprit, Yoox... Distributeurs, pure players mais aussi marques en direct.
Zoomdle possède également son propre stock afin de limiter les délais de livraison. «Cela permet à certains articles d'être livrés en moins de 48 heures», continue le DG. Zoomdle prend une commission à chaque article vendu, et en reverse une partie au magazine. «Pour ce dernier, le service est gratuit. Cela fait une source supplémentaire de revenu», ajoute-t-il.
Mais un tel système n'influence-t-il pas les rédactions à mettre en avant les produits qui se vendent le mieux? «Nous tenions à ce que les journalistes ne soient pas impliqués dans le processus, et qu'il y ait une indépendance totale de la rédaction», assure Alexandre Dutreil. «On peut aussi inverser le raisonnement. Les journalistes ont un pouvoir de prescription. C'est leur rôle de chercher et dénicher des produits tendance», ajoute-t-il. Et qui donc par la suite se vendront bien.
Achat d'impulsion
Pour le moment, les publicités ne sont pas photographiables. «Ce sont des offres auxquelles nous réfléchissons», confie Alexandre Dutreil. De quoi proposer des campagnes presse aux taux de conversion bien plus élevés. Pour les marques, les opérations avec des échantillons dans les magazines constituraient aussi une belle opportunité. Idéal pour l'achat d'impulsion.
«En termes de revenu pour le magazine, nous estimons que cela revient à une page publicitaire en plus par numéro», note Axel Canus. Pour Zoomdle, les partenariats successifs devraient rapidement augmenter le chiffre d'affaires... Avec 20 000 téléchargements de l'application à l'heure actuelle, Axel Canus espère multiplier par dix ce nombre d'ici la fin de l'année. Dix magazines devraient être intégralement photographiables d'ici 2015, dans d'autres groupes de presse. Une campagne de publicité devrait même voir le jour prochainement... Dans la presse ?
Zoomdle en bref
Janvier 2014. Date de création.
12. Nombre de collaborateurs.
15 000. Nombre de références.
350. Nombre de partenariats avec les marques (Esprit, Sephora, Marionnaud, The Body Shop, Yooks, Toys R Us, Clarks, Men Look...).
