Audiovisuel
Présent quotidiennement à la télé et en radio, mais aussi en librairie et en kiosque, le médecin le plus populaire de France est sur tous les fronts. Peut-on parler de marque « Michel Cymes » ? Interview croisée de l'animateur et de son frère, Franck, qui cogère ses activités.

Dans son bureau d’Issy-Les-Moulineaux, à quelques mètres du plateau du Magazine de la santé, Michel Cymes se concentre pendant quelques minutes sur notre entretien, avant de consulter son smartphone, lire ses mails, limer ses ongles, déguster un kouign-amann puis planquer un fil électrique rebelle... À 60 ans, le docteur Good est du genre hyperactif. À ses côtés, le calme de Franck Cymes, de neuf ans son cadet, tranche. Depuis six ans, les frères Cymes oeuvrent ensemble, l’un dans la lumière, l’autre dans l’ombre. 

Vous présentez des émissions, une chronique radio, des conférences, codirigez un bimetriel, publiez des livres... Quelle est votre ligne éditoriale ? 

Michel Cymes. Ma présence dans les palmarès d’animateurs préférés a flatté mon égo avant de me faire prendre conscience que cette confiance et cette légitimité que le public m’accorde me permet de faire passer mes convictions de médecin. À chaque fois qu’un nouveau média me permet de m’exprimer, cela me permet de toucher le plus grand nombre.

Quel est le positionnement de la marque Michel Cymes?

M.C. [Agacé] Il me semble inconcevable que je puisse adosser le mot marque à mon nom. S'il doit y avoir une marque, la seule que j'accepte, c’est la marque de reconnaissance en tant un médecin. Je consulte toujours à l'hôpital public deux demi-journées par semaine. Ce que je fais aujourd’hui, c’est tisser une toile d’araignée pour faire passer des messages de santé publique.

Même si vous n’aimez pas cette expression, quelles sont les valeurs de votre « marque » ?

M.C. La crédibilité, la légitimité et l’expertise. Je ne détiens pas la vérité médicale, mais je fais part de mes convictions en matière, par exemple, de tabagie ou de vaccination. 

Franck Cymes. Sur la forme, la valeur de Michel, c’est la dédramatisation, la positivité, le préventif et l’accessibilité du message. Pas d’élitisme. Michel mène une action multicanaux de santé publique.

Quelle est votre cible ?

M.C. Du nourrisson, par procuration via ses parents, aux personnes en soins palliatifs.

Et quel est votre positionnement ?

M.C. Celui du médecin : crédibilité, santé publique, vulgarisation, dédramatisation.

Avez-vous une clause d’exclusivité avec vos employeurs ?

M.C. Je gère cela de façon claire, avec un avocat qui valide tous les contrats. Les seules exclus que j’ai sont envers France Télévisions côté télé, et RTL pour la radio.

Qui se charge du développement de vos activités ?

M.C. Nous deux. Et l’on s’interroge d’emblée sur la nuisance de l’exercice par rapport à ma crédibilité. Ce serait débile de ternir cette belle image. 

F.C. Notre travail est fondé sur l’association de nos deux expertises depuis vingt ans. Michel dans le domaine médical et moi dans la diversification. J’étais responsable commercial des licences à TF1 et directeur des droits dérivés et événements à France Télévisions Distribution. 

Quel est le danger quand on se démultiplie dans les médias ?

M.C. La question de la surexposition, je me la pose tous les jours. Depuis la rentrée, j’ai refusé trois propositions de couverture de magazine télé pour éviter qu’il n’y ait une confusion avec Docteur Good!, dont j’incarne l’image en couverture, en plus de la codirection éditoriale. Je ne veux pas être partout dans les kiosques.

Vous refusez les couvertures. Et vous déclinez aussi des interviews ?

M.C. France 2 va bientôt diffuser un documentaire sur Hippocrate aux enfers, adapté de mon livre et je me réserve pour cela. J’impose à mes employeurs de moduler le volume de promo que je veux faire.

Hors média, comment parvenez-vous à garder le contrôle de votre image ?

M.C. Avant toute signature de contrat, tout est mis au clair avec mes employeurs et associés. Je veux garder la main sur tout ce que je fais. Pour Mondadori par exemple, Franck les a approchés. Une fois l’affaire envisagée, je suis intervenu. Ils imaginaient peut-être que je ne mettrais pas le nez dans l'éditorial [sourire]. Raté ! J'ai formulé très poliment mes cinq conditions.

Quelles sont vos exigences ?

M.C. Je ne dis pas oui juste parce que cela va me rapporter de l’argent. C’est un grand luxe de pouvoir imposer mes exigences en accord avec mes règles déontologiques. J'impose de travailler sur le contenu en amont, de relire tout ce qui relève du médical avant publication, de connaître par avance le nom de tous les médecins qui doivent intervenir et d'avoir la garantie qu’aucune publicité n’est diffusée sans mon accord préalable. Cela aurait pu faire capoter le projet mais c’était sans discussion, même si j’ai formulé tout cela très gentiment. 

F.C. Lors de chaque rendez-vous avec un nouveau partenaire, j’explique que je ne suis pas l’agent de Michel mais que je défriche en amont la faisabilité du projet. Vient ensuite un rendez-vous avec les opérationnels, la direction générale et Michel où est ennoncé ce genre d'engagements.

Comment répartissez-vous les rôles en termes de business ?

F.C. Je n’interviens pas dans la télé et la radio. En revanche, dans notre structure Club Prévention Santé, on est actionnaire à 50/50. Et l'on va lancer un salon itinérant grand-public et gratuit dans six villes, au printemps prochain sur le bien-être et la prévention.

Quel est le chiffre d’affaires de votre petite entreprise ?

M.C. C’est trop tabou d’en parler en France.

À force de parler de santé publique, vous allez finir ministre…

M.C. Je n’ai aucune ambition politique. Aujourd’hui je suis autant écouté à droite qu’à gauche, justement parce que je suis apolitique publiquement. Et j’ai une vie de rêve, pourquoi vouloir prendre des coups ?

Encadré :

La galaxie Cymès

France 5 : les quotidiennes Le Magazine de la santé et Allô docteurs ; la mensuelle Enquête de santé

France 2 :Aventures de médecine, Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain

Programme Court :Bien évidemment sur France Télévisions parrainé par La vie en bleu de Auchan

Radio : chronique quotidienne sur RTL à 8h15

Presse : magazine Docteur Good! (Mondadori)

Application : Betterise

Éditions : Stock, Clochette

Conférences : publiques et gratuites avec le Club prévention santé d'Harmonie Mutuelle

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