Start-up
CFI et L'Institut français lancent la sixième édition de Safirlab, un incubateur de projets qui vise à favoriser le développement de web documentaires ou de médias en ligne dans neuf pays du monde arabe.

Du 4 au 13 novembre, 25 jeunes originaires de neuf pays du monde arabe seront à Paris pour une semaine intensive de formation. Au programme : développement de compétences  (business plan, pitch devant des financiers, communication sur les réseaux sociaux...), diagnostics personnalisés et rencontres avec Edwy Plenel ou Jean-Marc Borello, présidents de Mediapart et du groupe SOS. Parmi les projets sélectionnés, MDLT, une plateforme algérienne d'éducation aux  technologies numériques, Cairo 360, un guide touristique pour promouvoir Le Caire, Marssoul, un média électronique marocain créé pour établir un lien entre citoyens et responsables politiques ou encore She Can, un dispositif en ligne de lanceurs d'alerte pour dénoncer les violences faites aux femmes en Tunisie.  Un jeune Jordanien de 22 ans, Moath, lance aussi « Fatabayanou », un blog qui signifie « allez vérifier » pour lutter contre les fake news véhiculées dans le monde arabe. Il s'est déjà assuré la collaboration de 32 jeunes de différents pays et enregistre 25 millions de vues et 1 million d'utilisateurs par semaine.

Laboratoire du changement.

La formation est assurée sur fonds publics par Safirlab, un incubateur développé par l'agence de coopération médias CFI et l'Institut français. Ce « laboratoire du changement », qui soutient à hauteur de 250 000 euros par an des projets d'innovation sociale, s'adresse en priorité aux 105 millions d'individus de 15 à 29 ans des pays du monde arabe, sur 305 millions d'habitants. Depuis cinq ans, 162 jeunes ont été ainsi soutenus. Parmi eux, Abdourahman Hussein AlSoufi, auteur d'un documentaire sur la condition des femmes au Yémen qui a été sélectionné aux Oscars. Il travaille aujourd'hui pour Reuters, la BBC et Al Jazeera.
Pour s'assurer de la pérennité des projets, Safirlab repose sur une période d'incubation de neuf mois dans les pays arabes concernés. « Ce n'est pas une incubation hors sol, souligne Jean-Emmanuel Casalta, PDG de CFI, les projets poussent sur le terrain, avec des points d'étape précis ». Les appels à candidatures sont relayés par les réseaux d'anciens, le réseau culturel français à l'étranger et des partenaires (Bond'innov, Makesense, Mediapart, Netscouade, Ouishare, SOS).

Fabrique documentaire.

Comment s'opère la sélection ? « Sur le double critère de la qualité du projet et de la personnalité du candidat », répond Pierre Buhler, président de l'Institut français. Les perspectives financières varient, cependant, suivant les pays. Autant la Tunisie et le Liban offrent des financements publics ou privés, autant l'Algérie est réputée difficile. Le modèle économique est donc souvent clé. La libanaise Clara, 24 ans, s'attelle ainsi à créer une « fabrique documentaire » en même temps qu'un documentaire Changemakers in the Arab world.
Mais si tous les projets respectent les lois et règlements en vigueur dans leur pays, cela ne signifie-t-il pas qu'il ne peut y avoir incubation de médias contestataires face à des régimes autoritaires ? « Il ne peut en être autrement, rétorque Jean-Emmanuel Casalta, mais il y a mille manières de parler de sujets compliqués. L'éducation et la santé ne sont-elles pas essentielles? Toutes nos actions sont sous-tendues par des valeurs fortes».

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