Entreprises
En novembre 2017, avec les Paradise Papers, diverses entreprises (Apple, Facebook, Nike...) impliquées dans des scandales financiers ont affûté leurs arguments et leur communication externe. Mais qu'en est-il de la communication interne auprès des salariés ?

Les chiffres sont éloquents ! 13,5 millions de documents, 381 journalistes de 67 pays qui, via le Consortium international des journalistes d’investigation, ont mis au jour environ 350 milliards d’euros de pertes fiscales pour les États. Les Paradise Papers ont levé le voile sur tout un réseau d’optimisations fiscales des entreprises et de personnalités politiques ou médiatiques. Le 1,4 téraoctet de documents ont permis de mieux comprendre les chemins empruntés par les flux financiers à travers le monde pour épargner le moindre sou en flirtant avec la loi.

Paradise Papers: la légalité comme argument

Mais si les Panama Papers, SwissLeaks, Offshore Leaks et autre pays-Leaks concernaient l’évasion fiscale - réprimée par la loi - les Paradise Papers se démarquent par le côté légal de l’affaire. Pour le quotidien Le Monde lui-même, ces montages sont «a priori légaux». Le scandale a-t-il ainsi moins d’importance ? Comme l’ajoute le journal «l’ampleur des sommes échappant à l’impôt est telle que la question se pose aussi en termes d'éthique». 

Ainsi, la communication de crise des entreprises avait ses arguments tout trouvés pour l'externe, mais le débat en interne est tout autre. Les salariés des organisations prises la main dans le sac sont en droit de s'interroger. Comment faire face à une remise en cause interne ? Et en pleine période de bouclages des budgets, ou de demandes d’augmentations personnelles, comment gérer les remarques sachant que la disette n’a de cesse de dire son nom... 

Manuel Lagny, directeur associé Epoka (Meanings 4vents) :

« Le directeur financier doit prendre la parole »

« Pour que tout soit bien clair et éviter les amalgames, il faut techniciser le propos, donc seul le directeur financier doit prendre la parole. Ensuite, tout doit rester factuel. À l’échelle de ces grands groupes, les sommes dont on parle dans les Paradise Papers restent marginales par rapport à d’autres flux financiers. Cette question relève du débat éthique, donc la discussion doit se porter sur l’éthique. Les salariés recherchent avant tout du sens et de la valeur à leur travail, ils peuvent donc avoir besoin de réponses sur ces sujets. On pourrait réaliser un audit, et sûrement mener une réflexion en interne autour de ces questions. Autour de la table : des experts et des salariés afin d’associer le bon sens à l’expertise. Et en ligne de mire : une charte en quelques points clés pour la suite. Enfin, on pourrait faire passer une note aux managers. Sobre, et sous forme de questions/réponses pour les sensibiliser et qu’ils sachent quoi répondre en cas de conflit. »

 

 

Jean-Philippe Cathelin, fondateur de l'agence A Conseil :

« L'adversité exterieure peut être un moyen de souder les équipes ! »

« Il faut faire attention, certaines cultures d’entreprise sont plus ou moins accommodantes avec ces pratiques. Si c’est une organisation humanitaire ou une entreprise financière, le corps social ne réagit pas de la même manière. Par exemple, l’adversité extérieure peut être un moyen de souder les équipes ! Donc la première des actions est de bien savoir et écouter ce qui se dit en entreprise, de demander aux managers de faire remonter les choses. Si ça gronde, rien ne sert de mettre la poussière sur le tapis. Il faut reconnaître et en tirer les leçons de l’adéquation des comportements à l’éthique. Donc de se poser la question : “est-ce que cela atteint les valeurs d’entreprises ?” et se remettre en cause. En communication interne, l’exemplarité et la cohérence sont les premiers outils ! »

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