Dossier Dossier femmes
L’affaire Weinstein a déclenché un tsunami, parvenu jusqu’aux rivages feutrés du monde de la communication. Au-delà du sujet du harcèlement, c’est l’ensemble des questions autour des rapports hommes-femmes qui sont désormais au centre du débat. Et nul, dans les médias, les agences ou chez les annonceurs, n’est épargné.

Le community manager de Decathlon s’est taillé, il y a quelques semaines, une belle réputation. Avec un calme olympien, il a réussi à déminer le tweet d’une consommatrice qui se plaignait que le distributeur d’articles de sport propose aux filles des sacs à dos roses et aux garçons des bleus. Cette histoire illustre le tournant pris depuis l’affaire Weinstein et les accusations d’agressions sexuelles contre le producteur de cinéma américain, en octobre dernier. Désormais, le mouvement féministe ne laisse plus rien passer et sa voix est décuplée par la puissance des réseaux sociaux.

Tous les acteurs de la communication sont confrontés à cette nouvelle donne. Plusieurs quotidiens ont vu se développer des mouvements de fronde contre le manque de représentation des femmes dans les hautes sphères des rédactions. Des photographes stars, accusés à leur tour d’agressions, sont désormais privés de shooting chez les plus grands éditeurs. Mais là où l’affaire Weinstein est parfois la cause directe de tels bouleversements, elle apparaît bien plus souvent comme la cristallisation d’un mouvement engagé déjà depuis plusieurs mois.

Le souffle Trump

Dès 2017, l’Union des annonceurs (UDA) avait décidé de s’atteler à bannir les clichés sexistes encore présents dans la publicité. Le groupe Omnicom, au printemps, lançait en France, sur un modèle importé des États-Unis, un mouvement de promotion des femmes aux postes de direction. Comme le souligne Lauren Bastide, l’une des figures du mouvement féministe, c’est l’élection de Donald Trump, considéré comme un ennemi de leur cause, qui a redonné du souffle aux militantes.

Reste qu'aujourd’hui, il est encore difficile d’apprécier si toutes ces initiatives vont modifier l’équilibre hommes-femmes. Pour Natacha Quester-Séméon, CEO de l’agence Youarhere et porte-parole de l’association Jamais sans elles, «le mouvement de la libération de la parole, même si nous n’adhérons pas du tout au fait de nommer des personnes, a été salutaire car les hommes ont entendu beaucoup de choses dont ils n’avaient pas conscience».

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