Urbanisme
Le magazine Stratégies organisait le 21 mars une matinée de débats sur les villes dites intelligentes. Et si très peu de villes françaises peuvent aujourd'hui être qualifiées de «smart cities», de grandes marques sont déjà en embuscade pour offrir leurs services.

Si vous êtes citadin et que vous conduisez régulièrement en ville, l’application Waze fait sans doute partie de votre quotidien. Un embouteillage à éviter? Sur votre téléphone portable, le bouchon s’affiche en rouge, en temps réel. Vous emprunterez alors la route bleue qui se déroule devant vous. Ce GPS, né en Israël, revendique aujourd’hui 10 millions d’utilisateurs à travers le monde, soit un tiers des automobilistes, selon ses dirigeants. Un succès dû indéniablement à sa gratuité, mais qui présente une contrepartie. Vous êtes vous-même géolocalisé en temps réel. Au cours de votre parcours, d’autres indications surgissent alors sur votre carte: une enseigne de grande distribution, une marque de vêtements...

Combien vos données rapportent à Waze

A lui seul, cet outil résume bien la problématique de la ville intelligente. Nous sommes face à un opérateur privé, qui recueille des données personnelles qui sont ensuite revendues à des entreprises privées. Combien rapportez-vous à Waze en tant que client potentiel ? Invité de la conférence organisée par Stratégies le 21 mars, qui avait pour thème « Villes intelligentes : eldorado des marques ? », Thomas Guignard, dirigeant pour l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique de Waze, n'a pas souhaité communiquer ces informations.

Parmi les autres sujets abordés, les termes de l’échange entre privé et public dans la ville intelligente. La question se pose quels que soient les domaines (sécurité, mobilité, énergie, qualité de l’air ou domotique) développés par les villes. Ainsi Dijon travaille en ce moment à la mise en place d’un «centre de pilotage». Ce QG permettra d’alerter les secours en cas d’accident et de faire circuler l’information sur les panneaux de la ville ou encore d’alerter les automobilistes sur les smartphones. Autre exemple à Issy-les-Moulineaux, où des capteurs ont été installés dans la rue afin de vous orienter vers la place de parking la plus proche. Bien sûr, la municipalité va savoir dans quelle rue vous êtes passé et à quelle heure. Mais, foi d’élu local, ces données restent strictement confidentielles et ne sont pas stockées, ce qui en France est une des règles imposées par la Commission informatique et libertés (Cnil). A la fin du mois de mai le Règlement général sur la protection des données (RGPD) entérinera l’obligation de consentement.

Aujourd’hui, comme l’a rappelé Alain Chagnaud, du cabinet Roland Berger, auteur d’un rapport sur le sujet, la majeure partie des villes françaises (56%) n’ont pas de démarche «smart city». Et les 18 villes qui en ont une n’en développent pas une vision transversale, ce qui laisse aux marques une certaine latitude pour s’installer dans les technologies à venir.

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