Banque
Les banques commencent à proposer leurs propres solutions de virement instantané pour rembourser des proches, obtenir un crédit à la consommation, régler un artisan, transférer de l'argent... Une façon de reprendre la main sur le paiement, aujourd'hui monopolisé par Visa et Mastercard.

Choisir un bénéficiaire, définir un montant, envoyer... et c'est tout. Quelques secondes plus tard, l'argent est arrivé à destination grâce au « paiement instantané », dernier-né de l'innovation bancaire sur le point de faire ses débuts en France. Le bancassureur mutualiste BPCE lancera mardi la toute première offre d'indemnisation instantanée des sinistres de ses assurés. Une fois la déclaration d'un dégât envoyée, le compte de l'assuré sera immédiatement crédité de l'indemnisation octroyée, promet la banque, là où cette opération durait jusqu'à présent trois jours, avec une journée pour valider le dossier et deux pour acheminer électroniquement les fonds à bon port.

En outre, les Caisses d'épargne et les Banques populaires, les deux réseaux bancaires du groupe, proposeront dès l'automne à leurs clients un service en ligne, via smartphone ou ordinateur, d'émission et de réception de paiements instantanés disponible à tout moment. Dans un premier temps, chaque virement instantané sera plafonné à 15 000 euros et effectif dans un délai maximum de 10 secondes. Crédit Agricole proposera, lui, les paiements instantanés en novembre 2018 en réception et début d'année 2019 en émission, BNP Paribas promet sa technologie « maison » pour la fin de l'année tandis que Société Générale assure que « le projet avance bien » sans donner de calendrier.

À la clé, de multiples usages possibles comme rembourser ses proches, transférer rapidement de l'argent à l'étranger, obtenir immédiatement un crédit à la consommation, régler l'achat d'un bien d'occasion à un autre particulier, payer l'intervention d'un artisan à domicile ou encore recevoir plus rapidement son salaire mensuel. Pour les entreprises, cette technologie pourrait aussi limiter les retards de paiements.
Retard en France

En Europe, le paiement instantané est déjà une réalité dans plusieurs pays, comme en Espagne, en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Suède. « La France était en retard sur ce sujet, avec une pression concurrentielle moindre qu'ailleurs. Ce qui fait bouger les banques, c'est le sentiment d'être un peu plus vulnérables à l'arrivée de nouveaux acteurs » souvent venus du numérique, explique à l'AFP Julien Maldonato, expert du secteur financier chez Deloitte.

En outre, « le paiement instantané présente un potentiel important, qu'il s'agisse de remplacer à terme le chèque, réduire les coûts liés à la fraude, diminuer le cash et les frais de gestion qui y sont associés, tout en complétant une gamme de moyens de paiement qui doit encore s'enrichir », ajoute M. Maldonato.

Cette technologie permet aussi de réduire l'emprise de mastodontes tels que Visa ou Mastercard sur le paiement, un secteur crucial à l'heure où les données des clients font office de nouvel or noir, confie à l'AFP un expert de la finance. L'enjeu est de taille pour les banques dont les activités de détail sont mises à mal par les taux d'intérêts très bas qui compliquent la tâche de faire fructifier l'argent, ce qui les pousse à chercher de nouvelles sources de revenu tout en serrant la vis du côté des dépenses.

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