Télécoms
Alors que le fabricant chinois est soupçonné d'espionnage, plusieurs pays dont la France refusent de l'accueillir dans son cœur de réseaux 5G, ce qui pourrait écorner son image à terme.

Alors que soupçons et exclusions pénalisent Huawei en Occident, un haut responsable du géant chinois des télécoms a accusé jeudi 24 janvier des «politiciens» d'orchestrer une campagne pour «nuire» à l'entreprise, vantant au passage une nouvelle envolée des ventes en 2018.

Huawei, deuxième fabricant mondial de smartphones et géant mondial des infrastructures télécoms, enchaîne les coups durs dans les pays occidentaux, où s'avivent les suspicions d'espionnage et restrictions à son encontre, tandis que sa directrice financière a été arrêtée au Canada. «Ils pensent qu'ils peuvent sans doute nous pénaliser avec ce brouhaha, qu'il peuvent nous nuire. Mais nous avons une excellente réputation», a martelé Richard Yu, patron de la branche produits de consommation de Huawei.

Devant des journalistes jeudi à Pékin, il s'est indigné : «Certains politiciens s'efforcent de nous influencer, de nous freiner, mais nous résistons plutôt bien.» Huawei s'est imposé comme le grand rival du suédois Ericsson et du finlandais Nokia dans les infrastructures télécoms.

Mais, fondé par un ex-ingénieur de l'armée chinoise, le groupe est soupçonné de poser un problème de sécurité nationale dans plusieurs pays dont les États-Unis, l'Australie et le Japon, qui lui ont interdit ses équipements 5G. Un ex-directeur de Huawei a par ailleurs été arrêté en Pologne plus tôt en janvier, accusé d'espionnage au profit de Pékin.

La France prépare des mesures

D'autres pays s'alarment: Londres a exprimé sa «vive inquiétude» tandis que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a évoqué mercredi des «risques sur la place de Huawei dans les réseaux centraux» télécoms. D'après Les Échosla France prépare elle aussi une série de mesures visant à limiter le déploiement du groupe chinois dans le pays, en particulier dans les cœurs de réseau (les plus sensibles) 5G et à Paris. 

Richard Yu a cependant réaffirmé que Huawei n'avait jamais été sommé par les autorités chinoises de leur soumettre des informations, et que le groupe refuserait de s'y plier le cas échéant. Autre affaire, objet d'une vive querelle diplomatique entre Pékin et Ottawa : Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du discret fondateur du groupe, a été arrêtée début décembre au Canada à la demande de Washington, qui soupçonne son implication dans une fraude destinée à contourner les sanctions américaines contre l'Iran.

Malgré les dénégations du groupe sur ses relations avec le gouvernement chinois, que penser de l'appui affiché et agressif de la diplomatie de Pékin à Huawei? Richard Yu élude: «Ce n'est pas facile pour moi de répondre à cette question.»

 

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