L'actu vue par...
Salon de l'Agriculture, loi Alimentation, Grand débat national... Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), décrypte l'actualité pour Stratégies.

Le Salon de l’Agriculture, qui a rassemblé plus de 672 000 visiteurs en 2018, démarre le 23 février.

Un chiffre qui montre l’intérêt des Français pour l’agriculture et l’alimentation. Il y a aussi un intérêt à connaître la façon dont les produits sont fabriqués. Le Salon accueille d’ailleurs de plus en plus de stands pédagogiques. Pour les agriculteurs, c’est une bouffée d’oxygène de voir que les Français les aiment, qu’il existe un attachement à l’agriculture. Il s’agit de quitter l’image de « la campagne de papa », une image dépassée. Le thème du Salon, cette année, est « L’agriculture : des femmes, des hommes, des talents ». Derrière les chiffres, il y a des gens qui adorent leur métier. Il faut montrer la diversité des profils et des paysages.

La loi Alimentation et la hausse des prix constatée en hypermarché (+4 % en pour le top 100 des références, selon Nielsen).

Cette loi a été faite pour redonner du revenu aux agriculteurs. Et c’est nécessaire parce que, année après année, ils gagnent de moins en moins leur vie. Garder l’agriculture que les Français aiment passe par une meilleure distribution de la valeur. La loi Alimentation est faite pour rééquilibrer les marges. Quand [les distributeurs] prennent 0 % sur le Nutella, ils prennent 40 % sur les pommes, la viande… Il faut moins exposer les producteurs. Mais d’un autre côté, on ne peut pas faire mieux pour moins cher. Plus de bio, par exemple… toujours plus bas. Bien manger, cela a un prix. 

L’opposition qui dénonce avec le Grand débat, orchestré par Macron, une « campagne électorale déguisée ».

Il est normal que l’opposition critique. L’important, c’est la possibilité de s’exprimer. J’ai incité les agriculteurs, en tant que citoyens, à aller le faire. Les retraités (hommes) sont à 800 euros par mois : qu’ils le disent. Quand on se plaint du manque de services publics, cela concerne aussi les agriculteurs donc nous allons porter le sujet. Il y a une possibilité de s’exprimer, saisissons-la. Dans le cadre des élections des Chambres d’agriculture, nous avons réalisé 97 rencontres ou meetings, en janvier. Au moment où tout le monde parle de « dégagisme », nous avons été confortés. Nous allons proposer une contribution sur les agriculteurs, qui sera présentée à l’occasion du Salon.

La consultation citoyenne de Radio France et France Télévisions qui montre que les principales attentes des Français pour l’audiovisuel public vont vers la diversité, les enquêtes et le fact-checking.

Il est tout à fait nécessaire d’avoir des chaînes, notamment publiques, qui soient dans la pédagogie de l’info. La course à l’audimat pose des problèmes. Les faits sont montés en épingle pour une image choc. À l’inverse, on observe une méconnaissance sur les gros sujets, comme le mécanisme de l’assurance chômage, la provenance des produits. La pédagogie et l’approfondissement sont nécessaires. Le service public doit jouer ce rôle et moins surfer sur la vague avec une émission comme Envoyé Spécial, à charge. Je l’ai écrit à deux reprises à Delphine Ernotte. La première fois, c’était il y a deux ans, alors qu’était programmée une émission à charge contre Xavier Beulin, mon prédécesseur, quelques jours après son enterrement. La seconde fois était il y a un mois, après l’émission du 17 janvier sur le glyphosate, pas équilibrée. Elle n’a pas répondu.

La démission de deux hautes responsables de la communication de Facebook, sur fond de critiques incessantes faites au réseau social.

Il y a une vraie question autour des réseaux sociaux, des données, de leur utilisation. Ils deviennent de plus en plus des lieux où se déversent beaucoup d’informations, des « fake news », préjudiciables pour la réputation des personnes, des entreprises. Conçu au départ comme un lieu convivial, Facebook est utilisé aujourd’hui à des fins propagandistes ou encore comme un déversoir. Je suis sur les réseaux sociaux car j’ai une parole publique et je tiens à m’exprimer. Autre sujet, le numérique, pour l’agriculture, constitue une vraie révolution. Le secteur va être développé avec l’intelligence artificielle. Cela va permettre de mieux répondre aux exigences environnementales, par exemple. La France compte énormément de jeunes startuppers qui imaginent des projets géniaux pour améliorer la vie des agriculteurs et les usages.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.