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La statue de bronze, opération de communication en faveur du leadership féminin, signée McCann pour le fonds State Street, a été largement saluée lors de sa mise en place en 2017. Deux ans plus tard, une étude remet en cause les engagements de son commanditaire sur les droits des femmes.

L’image de cette courageuse fillette en bronze, la «Fearless Girl», s’érigeant devant l'agressif taureau de Wall Street, symbole du capitalisme autant que du machisme, avait ému l’opinion. Menton levé, poings sur les hanches, elle avait été campée là pour la journée internationale de la femme en 2017.

L’initiative venait de l’agence de publicité McCann New York et de son client, le fonds d’investissement State Street Global Advisors, celui-ci voulant «célébrer l'esprit des femmes qui prennent les choses en main» et, partant, contribuer à féminiser les conseils d’administration. Deux ans et trois Grands prix aux Cannes Lions plus tard, une étude de Morningstar révèle que le même fonds n’a pas vraiment joint l’acte à la parole. De juillet 2015 à juillet 2018, sur huit résolutions d'actionnaires sur dix liées à la diversité des sexes, State Street a voté non ou s'est abstenu. 

Sans trop entrer dans les détails financiers complexes, State Street investit, via son fond indiciel «SHE», dans des sociétés dans lesquelles des femmes occupent des postes de direction. Dans son portefeuille : Coca-Cola, Mastercard, Home Depot. Pourtant, le fonds se serait érigé contre la publication de rapports faisant état d’écarts de salaire entre hommes et femmes chez l’assureur Aetna, American Express ou encore Mastercard. Chez le distributeur TJX, « SHE » a voté contre l'inclusion de la diversité en tant que métrique de performance du PDG…

Une petite sœur à Londres

Interrogé par le magazine Fortune, un porte-parole de State Street s’est défendu : «Au cours des deux dernières années, nous avons interrogé des centaines de sociétés sur l’importance de la diversité, voté plus de 1000 fois contre les administrateurs pour manque de diversité des sexes au sein des conseils d’administration, et nous avons plaidé avec force pour que la valeur de la diversité dans l’écriture et la parole soit respectée». Parole contre parole ?

Si l’on compare les engagements de State Street à ceux de deux autres fonds au positionnement similaire, également étudiés par Morningstar, il ressort que le commanditaire de la «Fearless Girl» est le moins engagé pour l’égalité hommes-femmes.

En lançant son fonds spécialisé en 2016, State Street affirmait que «SHE cherche à contribuer à lutter contre les inégalités de genre dans les entreprises américaines en offrant aux investisseurs la possibilité de créer un changement capital et de rentabiliser la diversité des genres». En mars 2019, la «Fearless Girl» s’est déclinée devant le London Stock Exchange.

 

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