Réalisateur, auteur, directeur artistique, directeur de création, photographe ou encore directeur marketing. Difficile de cerner au premier abord le fil directeur de la carrière de Patrick Guedj… Homme-lyre aux multiples talents ou simple slasheur avant l’heure ? «Je préfère l’idée d’être libre, tout simplement», répond dans un sourire celui qui reconnaît un «parcours totalement atypique» l’ayant mené à occuper la fonction de directeur de la création de Kenzo Parfums entre 2008 et 2019. À la clé, une «signature de marque toute en lenteur», qui trouve son expression dans des campagnes passées à la postérité telles que Flower et Amour. Pourtant, rien ne le prédestinait à signer de telles publicités. Ce diplômé de l’EM Lyon, fils de profs de fac en chimie et en lettres, fait ses débuts dans le marketing chez Lancôme. Des fonctions qu’il occupe aussi chez Armani Parfums à la fin des années 90 et chez Kenzo Parfums au cours des années 2000. «Le jour où tout a changé, c’est quand j’ai shooté moi-même au pied levé une campagne pour un parfum masculin chez Lancôme. Les photos ont beaucoup plu. C’était la première fois que deux mondes dans lesquels j’évoluais séparément se croisaient», rembobine Patrick Guedj, qui, outre cette dualité dans sa trajectoire, concède avoir «toujours concilié plusieurs activités».
Thrillers et courts-métrages
Cet amoureux du 10ème arrondissement, dont la seule infidélité à la capitale aura été de «passer sa jeunesse dans la région niçoise», a en effet eu plusieurs vies en parallèle. À commencer par celle de photographe, qui le mène à publier et exposer ses clichés depuis de nombreuses années. Mais aussi celle d’auteur qui, après la publication de deux thrillers, le voit sortir en 2005 un ouvrage aux accents autobiographique gratifié d’un réel succès. Sans oublier, évidemment, celle de réalisateur. Là encore, le personnage est un touche-à-tout. Après l’exercice du court-métrage, Patrick Guedj s’est mis en tête de réaliser son premier long métrage. «C’est probablement ce qui m’occupe le plus en ce moment», lâche ce lecteur assidu d’auteurs comme Éric Chevillard ou Christine Montalbetti. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Point de désinvolture, d’indécision ou de lassitude dans ces choix. Bien au contraire. «C’est un véritable artiste, doté d’une sensibilité exceptionnelle qui lui a notamment permis de faire la synthèse entre le volet artistique et son pendant marketing. C’est suffisamment rare pour être signalé», note Rémy Badan, producteur chez Pixies Films. «Du jour au lendemain, il peut décider de partir une semaine en voyage, seul, pour écrire. La notion de liberté le caractérise bien», complète Maeva Delacroix, photographe et réalisatrice devenue au fil du temps une proche de cet affranchi des temps modernes.
1964 Naissance à Paris
1986 Débuts chez Lancôme
2005 Parution de «Mon enfance est un plat qui se mange froid» (éditions Melville)
2008 Nommé directeur de création chez Kenzo Parfums
2016 Sortie du court-métrage Cérémonie (Pixie.Films)
2019 Se sépare avec Kenzo Parfums et rejoint To the moon and back