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Entrepreneur et fondateur de TEDx Paris, Michel Lévy-Provençal est l'auteur de « Le monde qui vient en 33 questions » (2019). Pour Stratégies, il donne son point de vue sur l'actualité des dernières semaines.

Le bras de fer qui oppose Altice à Free et Orange.

Le pari de BFM [chaîne du groupe Altice] de faire payer les opérateurs est en train de se retourner contre eux. Alain Weill [PDG d'Altice France] a annoncé qu’il souhaitait y renoncer. Il n’est pas impossible que les opérateurs se retournent et demandent à être payés pour diffuser. C’est toujours la même histoire. Quand vous êtes une plateforme, votre problématique est d’attirer du monde. Au départ, cela suppose d’être ouvert, accessible, [éventuellement] gratuit. À un moment, le rapport s’inverse...

 

Le Monde et BFMTV qui vont produire des émissions ou journaux pour Facebook.

C’est assez logique. Facebook essaie d’attirer toute la qualité possible sur son réseau. Le réseau social constitue un véritable gouffre. Il a réussi à faire quelque chose de « remarquable », à savoir externaliser le coût des contenus mais capter la valeur. Le rapport de force est chez Facebook. Certains se demandent s’il ne faudrait pas le démanteler car il a trop de pouvoir. La solution intermédiaire serait que la portabilité des données soit possible. La question fondamentale est : jusqu’à quel point est-on prêt à aller pour vendre son âme (je parle de façon générale, pas pour Le Monde ou BFMTV en particulier) ? Aujourd’hui, c’est presque une obligation…

 

Havas qui rachète Buzzman.

Ce rachat reflète une tendance : les grandes agences souffrent de plus en plus. Leurs clients vont chercher chez les plateformes ou les créateurs de contenus. Elles ont besoin de se revivifier. Au-delà, l’opération pose la question de savoir si le modèle des agences tel qu’on le connaît est viable. Existeront-elles toujours dans dix, quinze ans ? Les créatifs ont un désir fondamental d’indépendance et de liberté. En parallèle, les plateformes vont disrupter les agences grâce à l’automatisation, l’IA, la data. Le modèle de demain est peut-être celui d’un réseau d’indépendants qui se regrouperont autour d’une marque commune et créeront de la valeur. C’est ce que nous expérimentons avec Boma, réseau mondial dédié à l’innovation d’impact, que j’ai fondé.

 

YouTube qui écope de 170 millions de dollars d’amende pour collecte illégale de données sur des enfants.

Cela m’inspire du dégoût pour cet usage intensif de la donnée sans respect de la vie privée surtout quand il s’agit d’enfants. Ces acteurs ont une telle puissance qu’ils se sentent libres de faire ce qu’ils veulent. 170 millions, ce montant n’a sur eux aucun impact… Lors de la prochaine élection américaine, certains souhaiteront s’attaquer au pouvoir démiurgique des Gafa. Il faudrait que leurs dirigeants puissent être envoyés en prison en cas de faute grave sur l’usage des données. Ce qui peut rendre cela possible est la pression sociale et la réglementation.

 

La Journée mondiale des développeurs, le 13 septembre.

Il est frappant que l’on soit désormais capable de faire des logiciels, de créer des applications, des sites, des systèmes plus complexes, sans savoir coder. Il existe de plus en plus d’outils, comme Bubble, qui le permettent. L’on aura de moins en moins besoin de développeurs et de plus en plus de designers, de gens sachant construire des processus, définir des mécaniques complexes. L’initiative no-code portée par TharGo [acteur de la formation et du numérique], visible sur www.contournement.io, en est un autre exemple. C’est un mouvement de fond. La génération qui vient n’aura pas besoin d’être formée au code.

 

Le nouveau report du Brexit.

Cela m’évoque plus que de la perplexité, de l’affolement. La stupéfaction, même, de voir les premiers ministres, les uns après les autres, se casser la figure sur ce dossier. C’est la preuve que l’on vit dans un monde volatil, incertain, complexe, ambigu.

 

Les Journées du Patrimoine, du 13 au 15 septembre.

Avec la 5G, la réalité virtuelle ou les technologies ayant la capacité de stimuler tous nos sens, il n’est pas impossible qu’en 2040 ces Journées soient totalement virtuelles. Que l’on ait plus accès aux bâtiments chargés d’histoire physiquement, mais virtuellement. D’autant que ce sera plus facile de distribuer et de maintenir ces contenus. Face à cela, la clé est de garder un principe éthique chevillé au corps : célébrer et protéger le réel. Il faut garder à l’esprit que le réel est une part fondamentale de l’existence.

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