Le billet

«Blessed be the fruit !» Les inconditionnels de Margaret Atwood, et de son bestseller de 1985, The Handmaid’s Tale [La Servante Ecarlate] connaissent l’expression, usitée par les habitants du monde dystopique de Gilead, en guise de salutation - mais aussi d’expression de gratitude envers l’Eternel. Pour 800 élus, le 3 septembre, c’était Noël avant l’heure. Les appelés trouvaient miraculeusement dans leur boîte aux lettres un exemplaire de The Testaments, suite archi attendue de La Servante Ecarlate, censée sortir dans toutes les bonnes librairies… le 10 septembre.
Les veinards n’ont pas longtemps résisté à exhiber leur trésor sur les réseaux sociaux : «Blessed be the Testaments !», «Il est là !!!». Erreur technique, lâche de son côté Amazon.
Panique chez Penguin Random House, éditeur de l’ouvrage, qui s’était bordé de toutes parts – critiques littéraires, libraires -, pour éviter que l’on ne déflore l’opus d’Atwood. La pratique de la fuite – voulue ou non – dans l’édition, voilà qui n’est pourtant pas nouveau. En 2005, le flamboyant Angelo Rinaldi, directeur du Figaro Littéraire, se vantait, dans un article titré «Un Houellebecq tombé du camion» d’avoir déniché, à la faveur d’une déambulation le long du Canal Saint-Martin, le manuscrit de La Possibilité d’une île.
Mais cette fois, les libraires s’élèvent contre un scandaleux traitement de faveur. Alors qu’eux s’exposeraient à de lourdes poursuites, Amazon a violé l’embargo de manière éhontée. Et n’en subira sans doute pas les conséquences. Aucun éditeur ne peut plus se passer du géant du livre. Trop puissant. Comme on dit à Gilead, «Under his eye»

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