Cryptomonnaie
Le Libra est sur toutes les bouches. Pourtant, ce projet de cryptomonnaie initié par Facebook doit encore franchir de nombreux obstacles avant de, peut-être, voir le jour. Face aux inquiétudes des États, des banques et des régulateurs, comment Facebook doit-il manœuvrer pour convaincre ?

Facebook s’apprête à révolutionner l'écosystème des devises virtuelles… et de l’économie en général. Après de subtiles fuites dans les médias depuis décembre 2018, le projet Libra a été annoncé « officiellement » au mois de juin dernier. Promis pour le premier trimestre 2020, il obtient le soutien de grands acteurs des technologies comme Visa, Uber, Booking, Spotify, eBay ou encore Iliad (Xavier Niel). Il s’agit d’un projet de cryptomonnaie qui permettra de s'envoyer des fonds entre « amis Facebook » et de payer sur internet, chez les commerçants partenaires.

Un danger ?

Pourtant, dès juillet, Facebook fait part de réserves. Dans les documents envoyés à la Securities and Exchange Commission (SEC) - le gendarme américain des marchés financiers - la plateforme fait valoir que plusieurs facteurs pourraient « nuire à nos activités et à notre réputation, ou nos résultats financiers ». Libra: un danger ? Le réseau social freine lui-même ses ardeurs et tempère la naissance de Libra. Il faut dire que les enjeux sont colossaux et les impacts, incalculables. Le contrôle de la monnaie étant (encore) l’un des pouvoirs étatiques les plus importants, les États, les banques et les régulateurs s'y opposent. L’ampleur du réseau social (5 milliards d'utilisateurs toutes plateformes confondues) ferait de lui la plus grosse banque du monde... Comment Facebook devrait-il manœuvrer pour faire accepter le pari fou de sa propre monnaie numérique ?

« Refondre complètement sa réputation »

« Le gros problème de Facebook : sa réputation. Comment cette entreprise qui monnaye les données générales de ses propres clients peut-elle garantir de protéger des informations autrement plus délicates que sont les données financières ? Le réseau social devra d’abord retrouver la confiance de ses utilisateurs avant de se lancer dans une telle diversification… En tant que société cotée, elle a l’obligation d’informer sur ses orientations stratégiques. Il conviendra de rassurer aussi les marchés financiers et ses actionnaires sur ses capacités à éviter de nouveaux scandales. Le groupe a lancé des « ballons d’essai » pour tester l’opinion… Au vu des réactions pour le moins contrastées, son projet semble bien plus complexe que prévu. Il est tout à fait légitime que l’entreprise calme le jeu. Une seule remarque : est-ce que ce projet n’aurait pas plus de crédibilité si Zuckerberg n’était pas à la tête de Facebook ? »

 



« Se concentrer sur un accord avec la SEC »

  • Owen Simonin, alias Hasheur sur YouTube, fondateur de Just-Mining

« Facebook souffle le chaud et le froid. D’un côté, il prépare le terrain par des annonces, de l’autre, il se montre prudent pour se placer sous les radars. Une manière de se sécuriser vis-à-vis du régulateur. Je reste persuadé que le Libra verra le jour à un moment ou à un autre. La SEC n’a aucun intérêt à entrer dans un bras de fer avec le champion américain : ils finiront par trouver un accord. Facebook devra nécessairement faire évoluer son projet en fonction des négociations avec la SEC. Une fois lancé au États-Unis, le Libra ne tardera pas à s’infiltrer un peu partout dans le monde… Et si ce n’est pas Facebook, un autre géant prendra sa place. Les États-Unis, jamais en retard économiquement, préfèreront toujours que Facebook se positionne plutôt qu’un acteur chinois, par exemple. »

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