Portrait
En dépit des qu’en-dira-t-on, la chief digital officer du groupe Accor prône une vision du management en accord avec des valeurs personnelles empreintes d’authenticité.

Avec Maud Bailly, ne cherchez pas la copie. Car c’est invariablement l’original qui vous sera servi. Très en vue depuis sa nomination en 2017, la chief digital officer du groupe Accor fascine au moins autant par ses compétences que par sa personnalité étonnamment accessible. Un profil qui dénote dans le monde feutré du top management français, et une réputation dont s’amuse la diplômée de l’ENS, de l’ENA et de Sciences-Po, lorsqu’elle arrive ce matin-là pour l’interview programmée au dernier étage du siège d’Accor. «Ne cherchez pas, l’explication, c’est simplement que je suis la même dans le pro et le perso», avance dans un large sourire la chief digital officer, pour qui «ce qui prime est de pouvoir être aligné avec ses valeurs dans le travail». Difficile de lui donner tort au regard de la popularité dont elle jouit auprès de ses équipes. Ce naturel, qu’elle compare à une «tenue existentielle» inspirée de sa mère, Maud Bailly l’a fait sien depuis ses débuts en tant qu’inspectrice des finances, à la SNCF -où elle occupe notamment la fonction de directrice de la gare Montparnasse- ou encore au sein du cabinet de Manuels Valls, qu’elle rejoint en 2015 comme cheffe du pôle économique, chargée des affaires budgétaires, fiscales, industrielles et du numérique. Deux ans plus tard, c’est finalement Sébastien Bazin -le PDG du groupe Accor- qui parvient à convaincre la native de Paris de lier à son destin à celui du groupe hôtelier, confronté au défi XXL de sa réinvention numérique.

Hic et nunc

«La transformation nécessite de la résilience et est difficile, je ne vais pas dire le contraire, même s’il le faudrait au regard de ma fonction. Mais je crois beaucoup au bonheur hic et nunc (ici et maintenant) et à la diversité comme levier de performance collective», souligne la dirigeante, qui se méfie toutefois des procès d’intention. «Quand tu es authentique, certains vont trouver ça louche», constate celle qui a également intégré le Conseil national du numérique l’an passé, et qui tient à rester discrète sur ses (multiples) engagements bénévoles. «C’est quelqu’un qui fait ce qu’il dit contrairement à beaucoup d’autres dirigeants. Elle a fait plus en deux ans que d’autres en dix. Entre personnes qui parlent vrai’’, ça a tout de suite collé», abonde Moussa Camara, fondateur des Déterminés, association d’aide à l’entrepreunariat en banlieue pour le compte de laquelle cette amoureuse de Saint-Malo œuvre régulièrement, toujours à l’abri des regards. «Je suis une passionnée, je m’intéresse à plein de choses et je pense avoir un naturel assez enthousiaste. En réalité, j’aime profondément la vie ! Mais si tu dis ça en France, tu passes pour une ‘neuneu’’. C’est une erreur. Tu n’as pas besoin de faire la gueule pour être crédible», regrette Maud Bailly, qui en arriverait à réhabiliter le mot souvent galvaudé d’authenticité. Tout sauf une anodine performance.

Dates clés

1979 Naissance à Paris 11e

2007 Intègre l’Inspection générale des finances

Septembre 2011 Rejoint la SNCF où elle occupe notamment la fonction de directrice des trains

Mai 2015 Rejoint le cabinet de Manuel Valls, alors Premier ministre

Décembre 2016 Rejoint l’Inspection générale des finances où elle dirige une mission sur les enjeux du véhicule connecté

Avril 2017 Devient chief digital officer et membre du comité exécutif du groupe Accor

Mai 2018 Intègre le Conseil national du numérique

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