Télécoms
Une juge de Vancouver a mis en délibéré jeudi 23 janvier sa décision sur une éventuelle extradition vers les États-Unis de la directrice financière de Huawei, à l'issue d'une série d'audiences cruciales pour cette procédure qui oppose Pékin et Ottawa.

«Je réserve mon jugement sur cette question», a déclaré au dernier des quatre jours d'audience la juge de la Cour suprême de Colombie-Britannique Heather Holmes, qui n'a pas fixé de date pour une décision. La directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou, est accusée de fraude bancaire par les États-Unis, qui réclament son extradition. Washington accuse notamment Meng Wanzhou d'avoir menti à la banque HSBC sur la relation entre Huawei et Skycom, une filiale qui vendait des équipements de télécoms à l'Iran, ce qui exposait la banque à une possible violation des sanctions américaines contre Téhéran. L'intéressée a toujours démenti ces allégations.   

Au cours de cette semaine d'audiences, les débats ont porté sur la double incrimination: pour pouvoir être extradée aux États-Unis, Meng Wanzhou doit y être poursuivie pour un délit également punissable au Canada. La décision de la juge Heather Holmes sur cette question déterminera la suite de la procédure. Si la magistrate estime que la double incrimination n'est pas remplie, Meng Wanzhou pourrait être rapidement libérée, sauf si l'accusation fait appel. Dans le cas contraire, la procédure suivra son cours et de nouvelles audiences sont prévues en avril, juin et septembre.

Liberté surveillée

Elles devraient porter sur les conditions de son arrestation à l'aéroport de Vancouver par les autorités canadiennes, jugée illégale par ses avocats. Neuf jours après, deux Canadiens, l'ex-diplomate Michael Kovrig et l'homme d'affaires Michael Spavor, avaient été arrêtés par la Chine et accusés d'espionnage. Ces arrestations ont été qualifiées d'«arbitraires» par les autorités canadiennes et ont généralement été perçues en Occident comme des représailles visant à pousser Ottawa à libérer Meng Wanzhou. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est prononcé contre une possible libération de Meng Wanzhou, sur décision du gouvernement, pour obtenir celles de Micheal Kovrig et Michael Spavor dans le cadre d'un «échange de prisonniers». Pendant cette semaine d'audiences, le procureur a plaidé la fraude bancaire pour justifier une éventuelle extradition de la fille du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, et pour contrer les affirmations de la défense. Cette dernière estime au contraire que les éléments essentiels de la fraude ne peuvent être établis. Tout au long de la semaine, Meng Wanzhou, en liberté surveillée, a quitté chaque jour sa luxueuse résidence de Vancouver pour se rendre au tribunal, boîtier électronique en évidence à la cheville.

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