Événementiel
Opérateur de sites événementiels, Viparis a été touché de plein fouet par la crise sanitaire. S’exprimant pour la première fois depuis le début du confinement, Pablo Nakhlé Cerruti, son directeur général, revient, pour Stratégies, sur la façon de faire face.

Quel impact aura sur Viparis l'interdiction des grands rassemblements jusqu'à mi-juillet ? 

A l'instar de ce que l'on voit en Europe, l'on peut considérer qu'il n'y aura pas de grand événement en France avant la rentrée de septembre maintenant. Le meilleur exemple en est le Tour de France, dont le départ a été décalé à la fin du mois d'août. Nous sommes entièrement tournés vers cet objectif. Nous commençons à nous projeter dans la gestion de la reprise. 

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Comment vous préparez-vous en interne au 11 mai et à l'après-confinement ? 

Nous avons lancé, la semaine du 13 avril, trois groupes de travail. Le premier vise à réfléchir à la façon de vivre la période allant du début du déconfinement à la reprise à 100 % de l'activité, soit de mi-mai à septembre. Les échangent portent sur le maintien du télétravail, l'organisation des réunions, les dispositifs de protection des collaborateurs (gels, masques...).

Le second groupe de travail est consacré à la façon de réaccueillir des événements sur nos sites et sur les solutions de comptage, de sécurité, de nettoyage renforcé à mettre en place. Dans ce cadre, nous échangeons avec nos clients et nos prestataires, directement concernés. Enfin, la destination Paris est le sujet du troisième groupe. Nous réfléchissons avec nos partenaires, les hôteliers, les grands magasins, à la façon de faire en sorte que Paris garde son leadership. 

Par ailleurs, nous sommes associés à une réflexion commune menée par les organisations professionnelles des secteurs de l'événementiel, du tourime, de l'hôtellerie et de la restauration pour proposer collectivement un plan de soutien, à la fois pour passer la crise et commencer à travailler sur la relance.

De façon générale, comment Viparis fait-il face à la crise ?

Le monde de l’événementiel a été frappé avant les autres car, dès le 13 mars, les événements de plus de cent personnes étaient interdits. Depuis lors, nos neuf sites* sont fermés - à l’exception du Palais des Congrès qui accueille un commerce alimentaire et une pharmacie.

Pas d’événements pendant trois mois à Paris, c’est, pour nous, plus de 200 événements touchés sur l’ensemble des sites. Sur ces 200, les deux tiers ont pu être reportés, le reste a été annulé. Ces reports aux deux tiers illustrent une volonté des organisateurs et des annonceurs de mener à bien leur événement. Cela sera une très mauvaise année pour le secteur mais cela montre que tout n’est pas perdu.

Comment cela se passe-t-il en interne ?

Les personnes qui peuvent télétravailler sont en télétravail. C’est le cas pour un tiers de la maison, soit 120 personnes. Les autres, qui produisent les événements, sont en activité partielle.

Sur la gestion de crise et la communication interne, nous prônons la transparence. Nous sommes le plus transparent possible avec les équipes - dont nous allons compenser toutes les baisses de revenu afin que les personnes en activité partielle touchent leurs salaires à 100%.

Je réunis le comité de direction deux fois par semaine et parle aux représentants du personnel et à trente managers une fois par semaine en visioconférence pour les tenir informés. Chaque semaine, l’ensemble de l’entreprise reçoit aussi un mail de ma part.

Par ailleurs, la situation implique une responsabilisation des équipes car les réunions sont moins longues, sans fioritures. L’on prend de meilleures décisions dans de tels moments.

Et avec vos clients ?

C’est comme avec les attentats [de 2015]. Il y a une vraie solidarité. Nos intérêts sont alignés. Nous travaillons en bonne intelligence, dans la transparence, avec une bienveillance mutuelle.

Je suis moi-même un agent commercial. La direction commerciale est en pointe puis la direction de l’exploitation pour vérifier, notamment, la compatibilité des plannings. J’accompagne quelques clients comme le Mondial de l’Auto [prévu à Porte de Versailles, annulé] ou VivaTech [prévu au même endroit, reporté en 2021]. 

Quant au coût de la crise, il est encore trop tôt pour le déterminer. 

Vous accueillez un centre de dépistage du coronavirus à Porte de Versailles depuis le 26 mars. Comment s’est passée la première semaine ?

Des entreprises font du gel hydro-alcoolique. Nos outils de production à nous, c’est l’espace. [Après un appel lancé pour mettre à disposition des sites Viparis], le laboratoire Cerballiance nous a contactés. Concrètement, ils ont un camion qui accueille du personnel soignant en drive, leur permettant de passer des tests de dépistage sans sortir de la voiture. En douze heures, ils peuvent obtenir les résultats. La directrice du laboratoire est très contente du dispositif. En théorie, sur nos sites, il pourrait y en avoir d’autres.

Quelle est votre vision pour la suite ?

La crise a été aussi brutale qu’immédiate. Il y a eu un plongeon en quelques jours, pour tout le monde. C’est du jamais-vu. Lorsque l’on regarde dans le monde, comme en Asie, l’on s’aperçoit, à l’inverse, que la reprise sera progressive. Par ailleurs, il nous sera certainement demandé de prendre des mesures pour la sécurité des personnes. Il est trop tôt pour savoir comment sera la suite de 2020. Il y a des signes positifs avec des manifestations qui se projettent pour septembre-octobre.


* Espace Champerret, Espace Grande Arche, Hôtel Salomon de Rothschild, Les Salles du Carrousel, Palais des Congrès d’Issy, Palais des Congrès de Paris, Paris Expo Porte de Versailles, Paris Le Bourget, Paris Nord Villepinte.

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