Trésorerie
Les conseils de Jean-Pascal Beauchamp, directeur de l’activité Restructuring chez Deloitte pour traverser la crise du coronavirus dans le secteur de la communication.

« La communication est un secteur vulnérable en période de crise. Il est touché de plein fouet car les annonceurs ont le réflexe en cas de ralentissement de couper en premier les budgets des événements, des séminaires, de la publicité... A cela s’ajoutent des difficultés inhérentes au business des agences : elles fonctionnent par appel d’offres, ce qui implique des avances de trésorerie, sans être certain d’être payé. Cela nécessite un besoin en fonds de roulement avant, pendant et après l’appel d’offres. Une période qui s’étend souvent sur plusieurs mois.   

Or le Covid-19 est un véritable tsunami :  nous sommes à l’étape où la mer s’est retirée et la vague va arriver. Et l’on se demande quelle va être sa taille, sa puissance et combien de temps elle va déferler ? Nous sommes en mai et le virus est toujours là!

 

«Une task-force trésorerie»

 

La première bouée de sauvetage ce sont les aides mises en places par le gouvernement : chômage partiel, allègements ou reports de charges… L’Etat a fait son job, en proposant un arsenal puissant aux entreprises. Mais ces aides obtenues sont juste des petites victoires. L’entreprise doit s’adapter à la crise, vivre avec le virus et son impact économique.

La deuxième bouée de sauvetage pour les entreprises c’est le cash. Elles doivent mettre en place des outils de pilotages de leur cash adaptés à la crise, quasiment hebdomadaires. Autre nécessité : créer une task-force dédiée à cette situation de crise, une équipe d’urgentistes de la trésorerie qui optimisera tout ce qui est possible : les coûts, le parc immobilier, les charges en tous genres…

 

«Capacités de résilience de l'entreprise»

 

Les dirigeants doivent aussi bâtir un nouveau business plan avec des prévisions de trésorerie, qu’il faudra repenser tous les mois. Pour cela il faudra prendre en compte l’évolution de toutes les variables de la situation, des interactions avec les autres acteurs, de la relance des pays avec lesquels l’entreprise travaille…

Tout cela permet d’estimer les capacités de résilience de la société et d’estimer ses vrais besoins de financements, pour demander par exemple le prêt garanti d’Etat (PGE). Mais en faisant ce travail avec nos clients on se rend parfois compte que leurs besoins sont nettement supérieurs au prêt qu’ils pourraient obtenir avec le PGE (plafonné à 25 % du chiffre d’affaires). Et que cet emprunt ne leur suffira pas pour franchir le gué et traverser la crise. Cette compréhension de la situation permet aux dirigeants d’envisager des mesures plus drastiques : comme un plan d’économie par exemple.

 

«Préparer le rebond»

 

Autre inconnue : jusqu’à quand va durer le besoin de trésorerie ? Cela dépend de l’activité bien sûr. Dans l’événementiel ce n’est pas certain qu’il y ait une reprise franche d’ici au mois de décembre. Et que les événements soient reportés ou annulés cela revient au même pour les entreprises de ce secteur, elles perdent une saison, et engrangent des pertes cette année. Il y a heureusement d’autres activités où il y a davantage de visibilité sur les carnets de commandes.

Cette phase de crise est dure à vivre mais il y a toujours un rebond. On subit et il faut faire face. Le restructuring permet de préparer au mieux les entreprises pour qu’elles rebondissent dès septembre et en 2021 ! »

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