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Comme Ben & Jerry's, Patagonia ou North Face, Verizon stoppe à son tour ses achats publicitaires sur Facebook, jugeant insuffisantes les actions menées par le réseau social pour lutter contre les contenus haineux.

Un nom de poids vient s'ajouter à la liste des entreprises qui boycottent Facebook: le géant américain des télécoms Verizon a annoncé jeudi 25 juin qu'il ne ferait plus de publicité pour le moment sur le réseau social, accusé de ne pas lutter suffisamment contre les messages de haine.

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«Nous mettons en pause nos achats publicitaires jusqu'à ce que Facebook trouve une solution acceptable, en ligne avec ce que nous avons mis en place avec YouTube et d'autres partenaires», a déclaré John Nitti, responsable des médias chez Verizon.

Plusieurs sociétés ont décidé de ne plus acheter d'espaces publicitaires en juillet sur Facebook. Le glacier Ben & Jerry's, les fabricant d'articles de sport Patagonia, North Face et REI, ainsi que l'agence de recrutement Upwork ont répondu présent à l'appel de la campagne #StopHateForProfit («Non à la haine pour le profit»), soutenue par la Ligue antidiffamation (ADL), l'Association nationale pour l'avancement des personnes de couleur (NAACP) et d'autres groupes de défense des droits.

Théories du complot

«Leurs règlements sur les discours haineux et la désinformation sont inéquitables. Leurs services aux victimes de harcèlement sont insuffisants», écrit Jonathan Greenblatt, le directeur de l'ADL, dans une lettre publiée jeudi 25 juin pour enfoncer le clou.

Il donne des exemples de groupes dont les publicités se retrouvent adossées à des contenus problématiques. Les marques veulent à tout prix éviter ce genre de situations, surtout alors que les Américains se mobilisent par centaines de milliers dans la rue et sur les réseaux pour protester contre le racisme systémique.

Selon ADL, une pub de Verizon est apparue à côté d'une vidéo du groupe QAnon, connu pour ses théories du complot, «qui puise dans les rhétoriques de haines et antisémites»«Nous avons des règles très strictes sur les contenus (adossés aux pubs). Quand elles sont enfreintes, nous prenons des mesures», a explicité John Nitti.

Cette initiative intervient alors que Facebook subit une pression croissante concernant son approche non interventionniste concernant la désinformation et les messages incendiaires, notamment de la part du président américain Donald Trump.

«Nous respectons les décisions des marques et restons concentrés sur l'importante tâche du retrait  des contenus haineux», a réagi Carolyn Everson, vice-présidente de Facebook. «Nous discutons avec les annonceurs et organisations de la société civile sur comment, ensemble, nous pouvons être une force positive». 

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Facebook se mobilise contre la désinformation à propos du Covid-19

Actuellement boycotté par plusieurs marques, Facebook veut, en parallèle, continuer à lutter contre la désinformation. Il envisage désormais d'afficher du contexte et des liens pour tous les posts qui mentionnent le Covid-19.

Quand ses utilisateurs publient ou partageront des articles sur la pandémie, le réseau social dominant pourrait bientôt ajouter des informations sur la source du contenu ainsi que des liens vers son propre centre d'infos sur la maladie.

«En fournissant plus de contexte, notre but est de permettre aux gens d'identifier plus facilement les contenus qui sont récents, fiables et qui ont le plus de valeur pour eux», explique la plateforme dans un communiqué paru jeudi 25 juin.

Facebook va désormais afficher une notification en cas de partage de contenus médiatiques vieux de plus de 90 jours. «Cet article date d'il y a plus de 3 mois», préviendra le réseau en cas de partage, laissant tout de même le choix de le partager quand même.

«Fausses interprétations»

«Les organes de presse nous ont fait part de leurs inquiétudes au sujet des histoires anciennes partagées sur les réseaux sociaux comme s'il s'agissait de nouvelles, ce qui peut susciter de fausses interprétations», note la plateforme.

La firme californienne se mobilise depuis 2018 contre la désinformation, amplifiée par les réseaux comme le sien, et qui nuit à sa réputation. La crise sanitaire actuelle a suscité une explosion de fausses nouvelles, arnaques et théories du complot, sur les causes, les précautions à prendre et les remèdes face au coronavirus.

En avril, Facebook a indiqué avoir déjà redirigé près de 2 milliards d'utilisateurs, soit la quasi-totalité de ses utilisateurs, vers des informations émanant des autorités de santé publique, à travers son «centre d'information Covid-19», disponible sur chaque fil d'actualité.

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