Stratégie
Sept ans après la mise en œuvre d’un premier plan dont les objectifs ont été globalement respectés, L'Oréal lance un ambitieux programme de développement durable à horizon 2030.

C’est un signe qui ne trompe pas. Et qui en dit long sur les enjeux qui escortent désormais le développement durable pour l’ensemble des marques. L'Oréal a dévoilé en grande pompe jeudi 25 juin son nouveau programme de développement durable, incluant notamment le passage à des emballages entièrement recyclés ainsi que le lancement d'un dispositif d'affichage de l'impact environnemental et social de ses produits. «Il y a une urgence absolue face à la crise systémique que nous vivons. Il faut agir! Nous avons lancé un premier plan en 2013 dont les objectifs ont été atteints et parfois même dépassés. Place désormais au deuxième étage de la fusée, qui sera encore plus ambitieux», prévient d’emblée Jean-Paul Agon, PDG du groupe français depuis 2011.

Impact direct et indirect

L'entreprise aux 36 marques, premier groupe de cosmétiques au monde (près de 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019), s'est ainsi fixé de nouveaux objectifs chiffrés à horizon 2030 pour lutter contre le changement climatique. D'ici à 2025, l'ensemble des sites exploités par L'Oréal devraient devenir neutres en carbone via l'amélioration de leur efficacité énergétique et l'utilisation de 100% d'énergies renouvelables. Par ailleurs, dans dix ans, «100% des emballages plastiques mis sur le marché seront d'origine recyclée ou biosourcée», promet Alexandra Palt, directrice générale de la responsabilité sociétale et environnementale de L'Oréal. L'Oréal lance en outre un dispositif d'affichage de l'impact de ses produits, qui sera progressivement déployé au sein des marques et de toutes les catégories de produits. Ce dispositif, qui s’appuie sur 14 critères visant à cerner l’empreinte respective de chaque produit, comprend une échelle de notation allant de A à E, «les données étant vérifiées par un auditeur indépendant», précise l'entreprise. Les notes seront consultables sur les sites de chaque marque. «C'est une véritable transformation de la façon dont L'Oréal crée des formules, source des matières premières, fait des packagings, fabrique les produits dans ses usines», souligne le PDG du groupe, évoquant la «transformation très rapide» en cours.  «Notre conviction est qu'il n'y a pas de croissance économique sans durabilité. Et cela répond de plus en plus à une attente des consommateurs. On arrive à un point de bascule», appuie Alexandra Palt, pour qui l’enjeu principal consiste désormais à aller au-delà des mesures directes pour «réduire les impacts dits indirects, tels que l’activité des fournisseurs ou l’utilisation des produits par les consommateurs».

Changement de paradigme

«Pendant près d’un siècle, L’Oréal a recherché l’excellence dans la création de produits de beauté et dans la performance économique. Le groupe doit désormais aussi exceller dans cette dimension», relève Jean-Paul Agon, en écho notamment aux 150 millions d’euros qui doivent être consacrés à l’urgence climatique et à des causes sociales telles que le soutien des femmes vulnérables. «Il est tout à fait logique que L’Oréal ait un rôle moteur dans son industrie et même un rôle d’exemplarité. Or, exemplarité et performance ne sont pas antinomiques, bien au contraire. On a pu le voir l’an passé avec le chiffre d’affaires record réalisé par le groupe», conclut le dirigeant. Là encore, un signe qui ne trompe pas.

Chiffres clés

150 millions d’euros La somme que va allouer le groupe aux besoins sociaux et environnementaux considérés comme les plus urgents.
7 milliards L’Oréal vend chaque année plus de 7 milliards de produits à travers le monde pour un total de près de 1,5 milliard de clients
29,87 milliards d’euros Chiffre d’affaires 2019 du groupe (+8% sur un an)

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