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Nomination de Jean Castex, digitalisation de la Fashion Week... Rémy Oudghiri, directeur général de Sociovision (Ifop) et sociologue, analyse pour Stratégies les dernières actualités.

L'arrivée de Jean Castex à Matignon.

Comme cela avait été le cas pour Édouard Philippe, sa nomination au poste de Premier ministre est une surprise. Personne ne s’attendait à lui ni à sa sensibilité politique. Il y avait, au contraire, des attentes de rééquilibrage à gauche. Ce choix traduit une lecture de ce qui s’est passé quand les Français étaient confinés et lors des élections municipales. Pendant le confinement, l’État jacobin, centralisé, est apparu peu adapté à la crise. Il a montré ses lenteurs, ses procédures, ses turpitudes. Les Français soutiennent clairement la décentralisation, le fait de donner plus d’autonomie aux régions, plus de poids aux acteurs locaux. Il faut que le local reprenne la main : cette nomination est une traduction directe de cela. D’un autre côté, les municipales montrent aussi une prise de conscience écologique. La nomination de Jean Castex est une façon de faire du « en même temps ». L’une de ses tâches sera, peut-être, la transition écologique. Mais la droite n’a pas de tradition en la matière. C’est une façon de rassurer les gens de droite.

 

Audrey Pulvar nommée adjointe à la mairie de Paris en charge de l’agriculture et de l’alimentation durable.

Elle est assez engagée sur ces sujets-là. Les enjeux des deux années à venir seront le local et le fait d’aller vers plus de transition écologique. Pour les relever, il est possible de miser soit sur quelqu’un d’enraciné, comme Jean Castex, soit sur une personnalité un peu médiatique. Ce qui manque aujourd’hui à ce type d'aspirations, c’est l’incarnation.

 

Sue Y. Nabi, ex-présidente de Lancôme, qui prendra en septembre la direction générale de Coty (Marc Jacobs, Calvin Klein, Chloé, Kardashian…).

Dans un groupe dont le management est discret et traditionnel, c’est quelqu’un qui détonne : une femme, qui a changé de sexe. Elle incarne, en termes de philosophie, l’idée qu’il faut être soi-même pour être vraiment efficace. Ne pas jouer la comédie. Assumer qui l'on est. Cette arrivée participe plus généralement du fait que l’on va voir de plus en plus de femmes dans le top management. Il va y avoir une accélération de ce mouvement. C’est souvent dans un contexte de crise, qui plus est à l’échelle planétaire, que l’on va plus vite.

 

La digitalisation de la Fashion Week parisienne et la retransmission du défilé Balmain sur TikTok.

La dématérialisation des défilés est conjoncturelle. Balmain s’inscrit dans cette tendance. Elle est déjà largement en marche mais elle a été propulsée comme jamais du fait des conditions sanitaires. Dans le luxe, l’on attend des surprises. Depuis plusieurs mois, les marques réfléchissent à des façons d’utiliser le digital de manière originale. L’on va voir émerger des initiatives qui resteront. Il y aura toujours des événements physiques mais aussi peut-être de nouveaux rendez-vous. Concernant l’exclusivité donnée à TikTok, c’est un coup de com car c’est le réseau qui monte. C’est une façon de toucher les jeunes et de montrer que l’on a compris son époque. TikTok invente de nouveaux codes, de nouveaux langages. Il s’agit de montrer que le luxe est en résonance avec son époque. C’est un pari audacieux et inattendu !

 

LVMH qui remet un prix de l'innovation à Crobox, start-up néerlandaise de l'IA.

La personnalisation est un enjeu fondamental dans le luxe. On en parle depuis longtemps. C’est compliqué à mettre en œuvre car les gens se méfient beaucoup par rapport aux données. S’ils ne sont pas encore ouverts à l’idée de recevoir des contenus optimisés, ils sont, en revanche, très en attente de personnalisation. L’enjeu est de faire coïncider les deux.

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