Tendance
Le luxe ne traverse pas sa première crise avec le Covid-19, comme le rappelle l’Ifop dans son étude sur le « luxe résilient ». Fort des exemples passés, l’institut délivre cinq tendances qui vont structurer l’industrie dans les années à venir. Passage en revue avec le président de l'Ifop, Stéphane Truchi.

1. Incertitude économique. « La crise a bouleversé le monde au-delà de toutes les autres crises car nous avons confiné un tiers de l’humanité et l'on ne sait pas si ça va s’arrêter ou reprendre. Il y a un besoin de sécurité qui mène à une rationalisation des dépenses et à de l’essentialisme. Le luxe peut devenir agressif dans un monde si fragile économiquement, comme une forme de provocation. »

 

2. Urgence écologique. « C’est la première fois qu’une crise lie la santé de la planète et celle de l’individu. Notre santé devient un pilier de la conscience écologique où l’intérêt individuel rejoint le collectif. Alors que la parole des marques de luxe est référentielle, celles-ci devront être irréprochables sur leur vision du monde et leur éthique, l’écologie, la solidarité, leur capacité à protéger, comme Chanel qui ne licenciera pas, et ne pas renvoyer au côté happy few. »

 

3. Retour de la nation souveraine. « Le modèle organisationnel des pays a interrogé notre capacité à être autonome avec le désinvestissement de la production locale. Le made in China va être difficile, surtout dans le haut de gamme. Des marques vont vouloir moins dépendre de ses usines, mais aussi de sa clientèle. Il y aura en retour un soutien de la production locale et un éclatement du “made in”. »

 

4. Boom digital. « Le confinement a profondément modifié les comportements sociaux avec l’émergence du collectif digital, là où il était individuel avant, contrairement au physique qui socialisait. Le digital va devenir plus créatif, améliorer encore la connaissance client avec l’IA, et entrer dans l’univers du luxe. »

 

5. Décélération du monde. « Il est incontestable que la crise a fait réfléchir à une nouvelle temporalité, avec la remise en cause de l’abondance matérielle. Gucci est par exemple revenu à deux saisons pour arrêter de sur-solliciter les clients. Nous revenons au principe fondateur du “peu de personnes, pour en faire rêver beaucoup”. »

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