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La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde estime que l'Europe a pris du retard dans les paiements numériques, un secteur dominé par les entreprises privées américaines et chinoises.

La Banque centrale européenne (BCE) étudie l'opportunité de lancer sa propre monnaie numérique dans un contexte où les paiements virtuels prennent de plus en plus d'importance, a déclaré jeudi 10 septembre au soir sa présidente Christine Lagarde.

«L'Eurosystème n'a pas encore pris de décision sur l'introduction d'un euro numérique. Mais, comme de nombreuses autres Banques centrales dans le monde, nous étudions les avantages, les risques et les défis opérationnels d'une telle décision», a t-elle déclaré lors d'une conférence de la Banque centrale allemande, la Bundesbank, consacrée aux modes de paiement dans un monde numérique.

Christine Lagarde a précisé qu'un groupe de travail allait rendre ses conclusions dans les prochaines semaines sur la question, une étape qui sera suivie d'une consultation publique. «Nous avons le devoir de jouer un rôle actif pour équilibrer les risques et les avantages de l'innovation dans les paiements, afin que l'argent continue à bien servir les Européens», a souligné l'ancienne patronne du Fonds monétaire international (FMI), alors que la pandémie de Covid-19 a accéléré le virage vers les paiements numériques.

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Or «l'Europe a pris du retard dans cette compétition. L'absence d'intégration des paiements en Europe signifie que les prestataires étrangers ont pris de l'avance», ce qui n'est pas sans risques, a ajouté Christine Lagarde. Parmi ces risques, elle a cité entre autres la possibilité de pannes chez les fournisseurs de cartes de paiement comme celle qui a touché des millions d'Européens au cours de l'été 2018, ou l'abus de position dominante possible de la part de certains groupes privés, ou encore la difficulté accrue de la lutte contre les activités illicites.

En cas d'introduction d'un euro numérique, il faudra veiller au maintien de l'accès à la monnaie de la Banque centrale, a averti Christine Lagarde. «Un euro numérique, en tout état de cause, serait un complément et non un substitut aux espèces», a-t-elle souligné, ajoutant que la BCE devrait aussi veiller à contenir les risques concernant le rôle du secteur bancaire dans le financement de l'économie.

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