Digital
À 34 ans, il dirige l’une des plus grandes start-up françaises d’optimisation du parcours des utilisateurs sur internet et n’a qu’une seule idée en tête : avancer encore.

Pour lui, « diriger une entreprise n’est pas un marathon, mais une course de vitesse dans la durée ». Jonathan Cherki n’est pas de ceux qui vivent à 200 kilomètres heure, mais tous les jours plus vite que la veille. L’important c’est d’avancer. À 34 ans à peine, il dirige l’une des licornes françaises les plus en vue, Contentsquare, la seule entreprise pour laquelle il n'a jamais travaillé. Plus d’1 milliard de dollars, c’est ce que vaut désormais son projet étudiant, brossé dans l'incubateur de l’Essec, à même pas 25 ans. La petite idée consistait à mesurer sur internet les mouvements de la souris, le temps passé sur la page, pour mieux savoir ce que l’internaute avait vu sans se focaliser sur le clic… Une technologie adaptée à l'économie de l'attention après celle de l'audience.

L'appel du digital

Passionné de statistiques, il sait faire parler les chiffres. Visionnaire ? « De la chance ou de la vision, je ne sais pas », répond-t-il, modeste. Pour ce natif de Marseille, l'important n'est pas de savoir pourquoi on est là mais où l'on va. Pragmatique, il se fie à ce qu’il voit. « Les internautes ne restent pas sur un site s'il est mal fichu », tance-t-il en visioconférence, confiné depuis son bureau de New York. Son problème du moment : changer l’ergonomie des interfaces pour plus de performance. PC sous le bras, il va convaincre les patrons de bureau en bureau. « Le marché n’existait pas. Il a fallu trouver les mots », se souvient-il.

Convaincre, il sait faire. Ce fils de négociant en légumes secs était tout destiné à reprendre le flambeau familial. Mais il a suivi l’appel du digital. Et les besoins en face étaient plus que présents. Depuis, l’hypercroissance paraît n’être qu’une douce promenade en pente. Autofinancée jusqu’en 2016, l’entreprise fera sa première levée de fonds pour améliorer la solution. 2017, tout s’accélère. Le Français débarque aux États-Unis. Un passage obligé pour qui a de l’ambition, valeur obligatoire pour travailler avec lui. Car lui ne le cache pas : « le projet n’est pas de faire une belle petite entreprise, mais de devenir le leader mondial, et de laisser une trace par notre croissance. »

Un an et quelques chez l’oncle Sam, et il rachète son plus grand concurrent : Clicktale. Une société israélienne qui a deux fois l’âge de la sienne. Insolent ? Même pas. « Le secret de savoir bien s’entourer. On ne peut pas tout savoir, ni savoir tout faire. J’apprends tous les jours, c’est cela qui me donne mon énergie. » Une sagesse qu’il déploie désormais en Asie, où Contentsquare a de l’appétit. Après tout, rien n’est interdit à qui l’Amérique ne suffit pas.

Parcours :

2008. Intègre l’Essec et développe son idée.

2012. Naissance de Contentsquare.

2017. Première levée de 20 millions d’euros.

2018. Lève 42 millions d’euros et rachète son concurrent Clicktale.

2019. Lève 60 puis 190 millions d’euros, Contentsquare devient une licorne.

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