Décryptage
Le film de Noël de Bouygues Telecom a provoqué l’ire des ostréiculteurs avant de leur rendre grâce. Focus sur un bad buzz devenu un joli coup humoristique grâce à l’agilité de l’opérateur et de BETC.

La polémique
Diffusé pour la première fois pendant Koh-Lanta le 6 novembre sur TF1 et sur les réseaux sociaux, le film de Noël de 90 secondes de Bouygues Telecom met en scène une jeune femme, qui appelle sa famille confinée dans un van en route pour fêter Noël chez elle. Elle oublie de raccrocher son téléphone et donne à entendre à l'assemblée, à son insu, ses commentaires taquins. « En cette année de covid où on a tant de mal à se voir, nous voulions proposer une comédie familiale. Elle reflète notre plateforme de marque 'on est fait pour vivre ensemble' explique Tanguy Moillard, directeur de la communication de l’entreprise. Sauf que le lobby des ostréiculteurs s’offusque d’une allusion aux huîtres qui rendent malade. « Le 9 novembre, le président de la Chambre nationale de conchyliculture Philippe Le Gal nous a expliqué que cette allusion, fondée sur une légende urbaine, plombait une année sinistrée. Et qu’il ne pourrait pas retenir sur le terrain la grogne qui montait. Je lui ai demandé 4 ou 5 jours pour trouver une solution ». Le lendemain, 20 ostréiculteurs déversent 500 kg d’huîtres agrémentées de vase et d’algues devant la boutique Bouygues de Lorient, sous l’œil de la presse quotidienne régionale.

 

L’agilité de la réaction
Bouygues demande à toutes les régies de suspendre le film dans les 24 heures, contre quatre jours contractuellement. Elles jouent le jeu. L’opérateur charge BETC et l’agence Sauvage de Franck Annese (le patron de SoPress) qui a produit le film réalisé par Hafid F.-Benamar (cocréateur de la série de Canal + Platane), d’imaginer une issue positive. « Nous avons cherché une solution pour apaiser ces tensions et apporter une réponse concrète, légère et teintée de l’humour, à l’image du film et boucler cette histoire de la meilleure façon possible » raconte Olivier Aumard, le directeur de création de BETC. Un contre-feu diffusé dès le 12 novembre ? Oui. Le même film mais avec les voix off réenregistrées par les comédiens revenus de toute la France dans les 24 heures. « On ne s’est pas dérobé et on a transformé le message sur les huîtres en un clin d’œil positif avec le cousin qui les a toutes dévorées » explique Olivier Aumard. De quoi éteindre la colère.

L’humour en prime
Bouygues rafle la mise en invitant les ostréiculteurs à vendre le samedi 14 novembre leurs productions devant la boutique de Lorient relookée en «Bhuitres Telecom», sous l'oeil de la presse quotidienne régionale. C’est le propre frère de Franck Annese qui s'est chargé en 24 heures de la redécoration de l'enseigne. Et pour chaque bourriche vendue, une coque Bhuîtres Telecom est offerte, et les bénéfices reversés aux Hôpitaux de France. « On a eu deux fois plus de visites qu’un samedi de confinement habituel» reconnait Tanguy Moillard.« La leçon de cette légère crise est que c’est de notre responsabilité de prendre en compte les réactions et frustrations que nos publicités peuvent susciter. Une entreprise comme Bouygues a prouvé qu'elle peut sortir par le haut d’une affaire comme celle-ci » avoue Olivier Aumard.  Être à l’écoute, c’est bien ce que l’on attend d’un opérateur.

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