Cyclisme
La Fédération française de cyclisme (FFC) ne compte dans ses rangs que 12% de femmes. Manque de moyens, de médiatisation, de statut professionnel… Les cyclistes femmes agissent pour la reconnaissance de leur discipline. Et les lignes sont en train de bouger : un Tour de France féminin doit se tenir en 2022.

« Faire évoluer le sport féminin, c’est faire évoluer la condition de la femme dans la société », débute Marie-Françoise Potereau, vice-présidente de la Fédération française de cyclisme (FFC). Forte d’une longue carrière sportive, Marie-Françoise Potereau a participé aux mêmes éditions du Tour de France qu'une certaine Jeannie Longo, triple vainqueure de la compétition, qui a contribué à mettre en lumière la discipline.

Mais quarante après les premiers exploits de cette championne, le cyclisme féminin souffre d'un manque d'adhérentes. Sur les 120 000 cyclistes reconnus par la FFC, seules 12% sont des femmes. Et sur les 2700 clubs recensés sur le territoire, seuls 20 sont réservés à ces dernières. Et pour cause : le Tour de France féminin (ou Grande Boucle féminine internationale) a été arrêté en 2009.

Promotion auprès des femmes

Partant de ce constat, Marie-Françoise Potereau a initié un plan pour repopulariser la discipline auprès des jeunes filles et développer les épreuves mixtes. Lancée en 2018, cette initiative de féminisation du cyclisme est soutenue par la Française des jeux, qui a participé à hauteur de 100 000 euros au financement de projets. Et les premiers résultats, s'ils sont encore timides, se font déjà sentir. « Depuis le lancement de ce plan de féminisation, nous sommes passés de 12 épreuves nationales à 15, et de 10 épreuves internationales à 17 », analyse Marie-Françoise Potereau.

De son côté, l'association « Donnons des elles au vélo » œuvre depuis juin 2015 à l'organisation d'un Tour de France féminin pour lequel les coureuses suivent un parcours en tout point identique à celui des hommes, mais réalisé un jour avant. Un Tour de France qui se déroule donc avec des routes ouvertes à la circulation, sans public ni caméra. C’est Claire Floret, cycliste médaillée, qui en est à l’initiatrice. « Ça n'est pas un format compétitif, je vois plus cela comme une sorte de randonnée », précise-t-elle.

AFCC, association militante

Ainsi, le cyclisme féminin cherchait depuis plusieurs années à se structurer. L’association française des coureures cyclistes (AFCC), inaugurée en juin 2019, répond enfin à ce besoin. Vice-présidente de l'association, Audrey Cordon-Ragot, cycliste championne de France de vélo sur route à plusieurs reprises, raconte : « Le cyclisme féminin français a longtemp été considéré comme une discipline amateure, et non pas professionnelle, alors qu' aujourd'hui un certain nombre de femmes vivent du cyclisme, c’est devenu leur métier. »

Cette absence de reconnaissance a engendré des injustices. Ainsi, Marie-Françoise Potereau, qui jusqu’en 1989 participait aux éditions du Tour de France, était considérée comme sportive amatrice. De ce fait non rémunérée, elle a puisé dans ses congés payés pour pouvoir participer aux trois semaines de compétition.

Un tour de France féminin officiel

Mais preuve que les mentalités sont en train de changer, le Tour de France aura bientôt sa version féminine, en 2022, avec une course d’une semaine, qui partira le jour de l’arrivée des cyclistes hommes sur les Champs-Elysées. Une étape cruciale pour la discipline au féminin. 

«  Je prends souvent l’exemple du football. Avec l’essor de ce sport chez les femmes, grâce à la Coupe du monde féminine en 2019, les audiences ont démontré l’intérêt des Français pour cette discipline. De la même façon, le fait de développer le cyclisme féminin et son image dans les médias va pouvoir donner aux jeunes filles l’envie de se lancer », espère Claire Floret. 

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