Automobile
Retour de l’iconique R5 en électrique, Alpine qui passera en 100% électrique, Dacia qui modernise fortement son design, Mobilize pour explorer les nouvelles mobilités… Le Renault de Luca de Meo est un électrochoc.

Le groupe Renault a réuni la presse jeudi 14 janvier à 8 heures 30 dans une conférence en ligne en anglais pour présenter sa nouvelle vision. Nom de l’événement : Renaulution. Cette feuille de route ambitieuse sur le plan de la marque doit mener le groupe à 2025. Elle se traduit aussi par un plan de 500 millions d’euros d’économies. 

Le groupe va lancer 24 véhicules dans les cinq prochaines années et au moins 10 véhicules électriques, repositionnant clairement chacune de ses marques. Renault a notamment dévoilé les premières images d'une nouvelle version de la R5, star des années 1970, une «voiture électrique à un prix accessible à tous», a précisé Luca De Meo.

Après avoir ressuscité la Fiat 500, qui a sauvé la marque italienne, Luca De Meo compte appliquer la même recette avec la mythique R5.

La marque Renault veut se positionner comme la «nouvelle vague» de l'industrie automobile, une marque high-tech collaborant avec Google, avec des ventes composées à 35% d'hybrides et 30% d'électriques d'ici à 2025. Les prix devraient augmenter de 7000 euros par véhicule en moyenne. Un virage déjà pris par Peugeot ou Skoda.

Le Losange se voit «leader dans l'électrification» en 2025, avec un gigantesque «électro pôle», la «plus grande usine de voitures électriques d'Europe» qui sera installée «potentiellement dans le nord de la France», selon Luca De Meo.

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Les marques économiques Dacia et Lada vont réduire leur gamme en passant de18 types de carrosseries à 11. Sept modèles seront lancés d'ici à 2025, dont un SUV Dacia et deux nouvelles Lada Niva, le robuste 4X4 emblématique de l'industrie automobile russe.

Alpine, la marque sportive du groupe, aura pour mission d'être compétitive, mais aussi rentable. Elle lancera trois nouveaux véhicules 100% électriques basés sur les plateformes de l'Alliance Renault-Nissan: une petite sportive, un crossover (carrosserie de type SUV sur base de voiture classique), et une voiture exclusive avec la marque britannique Lotus.

Du point de vue stratégique, le directeur général Luca De Meo a confirmé la volte-face de Renault par rapport aux objectifs de son prédécesseur Carlos Ghosn. Viser 5 millions de véhicules vendus dans 100 pays «était peut-être un objectif approprié il y a cinq ans, mais ça a clairement échoué», a lancé le PDG, arrivé en mai. «C'est comme si une voiture devenait trop grosse pour son moteur.»

Renault prévoit désormais de produire 3,1 millions d'unités en 2025 et va se concentrer sur les marchés «à fortes marges», notamment en Amérique latine, en Inde et en Corée, et renforcer sa présence en Espagne, au Maroc, en Roumanie, en Turquie et en Russie.

La nouvelle marque de services mobilité du groupe, Mobilize, proposera quatre véhicules adaptés aux automobilistes qui ne «veulent plus acheter de voiture», a précisé Clotilde Delbos, la directrice générale adjointe du groupe: un véhicule à deux-places (évoquant la Citroën Ami) et la Dacia Spring, un nouveau véhicule développé pour les VTC, et un autre pour la livraison du dernier kilomètre. Mobilize vise à générer 20% des revenus du groupe d'ici à 2030, via des partenariats et des nouvelles solutions de financement comme l'abonnement.

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Après avoir annoncé fin mai un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans, prévoyant quelque 15 000 suppressions de postes dans le monde, le groupe a annoncé jeudi une nouvelle coupe dans ses budgets, de recherche notamment, mais pas de nouveaux licenciements.

Comptant sur son alliance avec Nissan et Mitsubishi, le Losange va également rationaliser sa production, en passant de huit à quatre familles de moteurs, allant de 45 à 400 chevaux, et de six à trois plateformes (châssis). Son but ultime: 3% de marge opérationnelle d'ici à 2023 et 5% de marge d'ici 2025.

Déjà en difficulté, le groupe français a été durement frappé par les conséquences la crise sanitaire en 2020, perdant 7,3 milliards d'euros rien qu'au premier semestre. Ses ventes ont chuté de 21,3% au niveau mondial, ses marques étant très exposées dans les pays qui ont été les plus sévèrement confinés.

Après un mariage raté avec Fiat-Chrysler, qui a finalement choisi PSA, Renault sort également du scandale provoqué par l'arrestation et l'évasion au Japon de son ex-directeur général Carlos Ghosn, accusé de malversations financières.

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