Portrait
Planneur puis patron d’agence de pub, Arnaud Pigounides a trouvé un filon qu'il monte en filière : l'électrification des voitures thermiques.

Certains ont la chance de choisir leur filière. Lui a créé la sienne. Quelques ingrédients à peine ont suffi : une passion pour l’automobile, un esprit entrepreneurial, un peu d’entregent aussi. Arnaud Pigounides est désormais la tête de gondole en France du « retrofit », mouvement récent qui propose d’électrifier des voitures thermiques. Malgré la distance, il raconte les détails de son enfance qui l’ont mené dans cette aventure : « J’avais cinq ans, j’étais tout le temps derrière le volant de la Jaguar XJ6 de mon père [médecin], c’était ma voiture, mon univers. Un jour sur l’autoroute, le moteur a fondu. On a abandonné la voiture et on n’est jamais retourné la chercher. Moi, j’étais heurté. C’était pire que la mort d’un lapin ou d’une tortue. »

Des années plus tard, en 2015, il taille la route vers Los Angeles, cheveux aux vents avec la mère de ses enfants dans sa Triumph Spitfire. Une belle anglaise qui, elle aussi, tombe en rade. Puis la rencontre. « Vers San Diego, je croise des mecs qui montent des moteurs de Tesla dans des Ferrari et des Combi, je voulais ça », confie-t-il. Dans sa tête, tout devient clair : « Le succès de Tesla, le Dieselgate, l’écologie… En bon publicitaire, je me dis qu’il y a un truc. » En 2017, il rentre en France en pleines Assises nationales de la mobilité, qui aboutiront à la loi d'orientation des mobilités (LOM), à l’essor de la voiture électrique et au projet d’interdiction du thermique d’ici à 2040. La vista du planneur stratégique, son ancien métier, a frappé ; Arnaud Pigounides découvre cette voie à Toulouse-1-Capitole et ça le « rend fou » tant il aime « décortiquer et comprendre la société de consommation ».

Admirateur de Blachas

Encore étudiant en 1997, il monte un call center avec son frère mais l’affaire ne résiste pas au souffle de l’explosion de l’usine AZF en 2001. Six ans plus tard, il relance une affaire : Jak, pour Just a kiss. Il y gagne quelques beaux budgets : Comptoir des Cotonniers, L’Oréal Paris, FLY. De quoi atteindre 600 000 euros de marge brute. Plus tard, il « fait l’erreur » de tenter les grands groupes. TBWA, Publicis… Le bilan s’impose vite : « Je ne suis pas fait pour être numéro deux. » Chemin faisant, il crée Absolution, une marque cosmétique bio qui existe encore mais qui « ne rapporte pas beaucoup ».

Fan absolu de Christian Blachas et de son Culture Pub (« J’ai eu la larme à l’œil quand je l’ai rencontré, même s’il s’en foutait »), il ne renie pas son passé publicitaire. Arnaud Pigounides est un « idéateur » et se prend de vertige devant ces « patrons de 60 balais et qui me disent : "Tu te rappelles quand j’ai gagné le Prix Effie en 92 ?" » Président de Retrofuture et figure montante de l’électrique, il sait pourtant qu’il a de la route devant lui.

Son parcours :

2002 : Master Marketing ESC Toulouse

2003 : Planneur stratégique Reflex

2006 : Account executive Geometry Global Paris

2007-2009 : Fondations Jack puis Absolution Cosmetics

2012 : Chief strategy officer Periscope

2014 : Directeur digital TBWA Paris

2015 : Planneur stratégique Publicis 133

2015 : Associé fondateur Longplay

2019 : Co-président Association de l'industrie du rétrofit électrique, Président Retrofuture Electric Vehicles 

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