Édition
À la suite de la création de son association Lendroit éditions, Mathieu Renard a permis à de nombreux artistes producteurs d'œuvres imprimées de se rendre accessibles au grand public. Lui-même a donné un second souffle au fameux bol breton et continue de faire exister des images d'archives en les réinterprétant.

«Il y a encore deux ans, je me demandais si je ne devais pas me reconvertir. Mais je reviens toujours au milieu artistique», lance Mathieu Renard. À 47 ans, il s’est fait une raison : l’art l’a choisi. Passé par une maîtrise d’arts plastiques à Rennes 2, il part enseigner au Liban pendant un an. À son retour en Bretagne, il enchaîne les petits boulots de 25 à 28 ans.

C’est en 2003 que sa passion se concrétise. En lien avec un bon nombre d’artistes qui produisent des œuvres imprimées, il se rend vite compte qu’aucun n’a les moyens ni de lieu à disposition pour les diffuser, les vendre ou même les montrer. Petit à petit naît donc l’idée de monter une association hybride qui tournerait autour de trois pôles : maison d’édition, librairie et galerie. Basée dans une ancienne pharmacie à Rennes, Lendroit éditions se fait vite un nom en Bretagne et... en Europe. «J’aimerais bien, dans les quinze prochaines années, qu’on achète plus grand pour devenir une librairie en édition d’artistes, la plus importante d’Europe», rêve Mathieu Renard.

Bol breton

Pour ce fils de professeurs, les souvenirs d’enfance sont baignés par l’imagerie et le texte. Il se souvent, par exemple, que l’Encyclopædia Universalis trônait fièrement dans la bibliothèque. Une autre forme de transmission indirecte lui vient aussi de son grand-père. «Il avait une maison à Pornic, où est située une faïencerie fameuse, et comme bon nombre de Bretons, j’avais mon bol avec mon prénom “Mathieu” écrit dessus. Pour la naissance de mes enfants, je me suis permis d’en créer un à leur effigie», retrace Mathieu Renard. Cet objet du quotidien connu de tous, rangé dans le fond du placard, est autant attachant qu’il a un petit côté vieillot. «Un jour, j’écoutais un morceau de Motörhead en buvant mon café et, d’un coup, j’ai imaginé le chanteur boire son café dans un bol breton. J’ai commencé par réinventer le bol Motörhead puis j’ai continué avec d’autres groupes mythiques.» 

Au fur et à mesure, la collection s’est agrandie. Des noms d’artistes plasticiens, de cinéastes mais aussi des noms plus décalés comme ceux de cocktails, d’argot, de médicaments. Aujourd’hui, 150 versions existent. Ce coup de bol, il en a fait une signature qui s’est exportée au-delà de la région.

Vieilles photos

Son travail d’artiste ne s’arrête pas là. Mathieu Renard aime à se replonger dans les vieilles photos des magazines Paris Match ou Life Magazine et dessiner directement sur l’image. Un bon mariage princier, la guerre du Vietnam ou un couple assis dans une cuisine des années 70 lui font office de toile blanche. Une technique qui s’inscrit comme les prémisses du photomontage où l’artiste tente de donner une seconde lecture à l’image de départ. «Je prends des objets ou des images auxquels on ne ferait plus forcément attention pour les retravailler et qu’on les regarde à nouveau.» Comme une régénération du passé. «Mes amis me disent qu’il y a un rapport psychanalytique dans ma manière un peu frénétique de travailler. C’est un peu mon divan à moi», plaisante à demi-mot l'artiste.

 

@lendroiteditions

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