C’est dans le cadre de sa démarche « Nouvelle Histoire » que La Voix du Nord a lancé cette campagne, un projet qui s’inscrit dans une réflexion en profondeur sur la raison d’être du journal. « L’idée, explique Pierre Mauchamp, directeur de la rédaction du quotidien, c’était d’aller un peu plus loin que ce qu’on faisait jusqu’à maintenant, de manière plus structurée et plus consciente. Si le journalisme de solutions a toujours concerné la presse régionale – c’est son rôle que de parler de ce qui va mieux, des initiatives locales –, l’objectif était de mieux le montrer, de le revendiquer aussi. »
Afin de donner corps à cette mission, La Voix du Nord décide en 2019 de lancer une première grande campagne sur un sujet de société. Son choix est alors guidé par les lecteurs du journal, qui lors des votes pour les Étoiles nordistes – qui récompensent des femmes et des hommes qui ont fait rayonner la région – avaient plébiscité dans la catégorie « Anonymes » Jonathan Destin. En 2011, ce jeune homme s’était immolé par le feu avant de se jeter dans La Deûle. Une fois sorti du coma, il avait révélé être victime de harcèlement dans son lycée. Il a par la suite publié un livre, Condamné à me tuer, qui a inspiré le téléfilm Le Jour où j’ai brûlé mon cœur, diffusé en 2018 sur TF1. « Jonathan a marqué les esprits, souligne Benoit Deseure, rédacteur en chef adjoint et coordinateur de la campagne. La Voix du Nord a donc décidé d’aborder pour cette première édition le harcèlement scolaire, qui est un vrai sujet sur lequel nous pouvons tenir notre rôle de média régional, où nous pouvons toucher les habitants et en même temps être utiles. Car il ne s’agit pas seulement de faire un état des lieux, mais aussi de proposer des solutions. »
Des témoignages nombreux
En juillet 2019, des salariés volontaires de La Voix du Nord issus de différents services – rédaction, publicité, marketing… – se réunissent pour réfléchir à l’organisation de la campagne. Et les journalistes mobilisés sur le sujet commencent à travailler. « Nous avançons alors sur quatre points : nous collectons des témoignages, nous cherchons des spécialistes de la question, nous interpellons l’Éducation nationale et nous voyons quelles actions sont déjà en place », détaille le rédacteur en chef adjoint. Tout de suite, les témoignages arrivent en quantité, de jeunes et de moins jeunes, marqués à jamais par ce qu’ils ont subi. Plusieurs sont sélectionnés pour une rencontre avec Nicola Sirkis. Le chanteur, qui avait écrit en 2013 College Boy, dont le clip mettant en scène le harcèlement d’un jeune garçon avait beaucoup fait parler, a accepté d’être avec Jonathan Destin le parrain de cette campagne. Tous deux s’affichent en une du quotidien le 13 octobre 2019, pour dire non au harcèlement scolaire. Suivent 124 articles consacrés au sujet, dans les pages toutes éditions ou locales.
Puis vient le temps de l’action. « Nous avions beaucoup publié, nous avions rencontré des psychologues, des chefs d’établissement, des CPE, des parents de victimes, des victimes… Nous avons essayé de voir ce que nous pouvions mettre en place concrètement pour mieux faire connaître le harcèlement scolaire et pour que les victimes puissent parler », indique Benoit Deseure. « Le but, précise Pierre Mauchamp, ce n’est pas de faire disparaître le harcèlement scolaire, c’est de le faire mieux prendre en compte et d’éviter que des enfants, des parents, des enseignants se retrouvent complètement démunis. »
Courant novembre 2019, huit propositions sont donc publiées, avant d’être officiellement remises à la rectrice en janvier 2020. Deux sont mises en place dans les établissements de l’académie dès la rentrée suivante : nommer une personne référente contre le harcèlement scolaire dans chaque établissement et imposer à tous les établissements scolaires de la région de mener chaque année un projet contre le harcèlement scolaire. Si la crise sanitaire n’a pas permis d’aller plus loin pour l’instant, La Voix du Nord s’est engagée à faire chaque année le 7 novembre, journée de lutte contre le harcèlement à l’école, le point sur les avancées.
Verbatim
« Réussir à inclure les jeunes générations »
Pierre Mauchamp, directeur de la rédaction de La Voix du Nord
« Ce sujet du harcèlement scolaire est intéressant parce qu’il concerne les jeunes, et une de nos volontés avec le projet “Nouvelle Histoire”, c’est aussi de réussir à inclure les jeunes générations, de nouer un dialogue avec elles, de les associer à nos contenus. Nous souhaitons leur montrer qu’un média comme La Voix du Nord peut faire avancer les choses. Cela se poursuit avec la grande campagne de cette année, qui a pour thème la formation en alternance. »
