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À la croisée entre un showroom privé et une plateforme de seconde main, cette braderie haut de gamme propose à la vente les anciennes collections déstockées de marques célèbres. Consciente de son succès, la plateforme veut se diversifier et continue de s’agrandir.

Âgés de seulement 27 ans, les cofondateurs de la plateforme The Bradery Timothée Linyer et Édouard Caraco ne s’attendaient pas à un tel succès. «On a grandi très très vite en peu de temps», lance tout de go Edouard Caraco. C’est en 2018 que cette success story est née. «Timothée est mon meilleur pote d’enfance. On s’est suivis à Londres où on a monté notre première boîte qui n’avait rien à voir avec ce qu’on fait aujourd’hui puisqu’elle s’occupait des locations Airbnb», introduit le cofondateur. Cette première expérience, de courte durée, leur a donné envie de continuer dans la branche de l’auto-entreprenariat. Pourtant, c'est au sein de grands groupes qu'ils se challengent chacun de leur côté. Mais une fois qu’on a connu l’indépendance, difficile de rentrer dans le rang. La fibre de l'auto-entrepreneur est trop présente et leur «bromance» les pousse à travailler de nouveau ensemble. Ils fondent donc une boîte de logistique spécialisée dans l’e-commerce et travaillent en partenariat avec la plateforme Veepee. «C’est une super boîte axée sur le destockage des marques, qui a fortement évolué. Le problème c’est qu’elle vend de tout, elle est devenue un hypermarché où les marques peinent à s’y retrouver, quand les marques premium recherchent un écrin», avance Édouard Caraco. En 2018 donc, naît l’idée de cette plateforme de vente destinée aux marques de prêt-à-porter haut-de-gamme pour vendre leur stock en trop, issu d'anciennes collections.

Shopping instagrammable

Si on suit la traduction française de The Bradery, «braderie» serait le terme approprié. Mais à y regarder de plus près, cette plateforme en ligne n’a rien à voir avec les étals mal rangés des friperies du Marais. Au contraire, tout y est organisé. Le plus souvent, ce sont des marques portées par la parisienne branchée, BCBG, qui investissent les rangs comme Rouje, Balzac ou encore Sézane. Le groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) est lui aussi devenu un habitué du site. Des enseignes qui habituellement proposent des pantalons entre 150 et 250 euros. Sur le site les réductions avoisinent les -30% à -50%. Et pas besoin de parrainage pour intégrer ce club VIP, tout le monde peut y accéder. Seulement, la loi du premier arrivé, premier servi, fait foi. «Cela a commencé avec une vente par semaine, puis trois, désormais nous sommes à une vente par jour», annonce l'entrepreneur. Symptomatique du succès que cette licorne a engendré depuis sa création. En témoigne le trafic sur le site avec plus d’un million de visiteurs uniques par mois. Une fois l’identité installée, ne manquait plus qu’à lancer la machine. «Notre premier levier de croissance a été de chercher de belles marques, une fois qu’elles ont été conquises, nous avons planché sur la création de campagnes marketing 360 en interne afin de les diffuser à l’occasion de gros rendez-vous», poursuit-il. Leur chiffre d’affaires a également flambé. «Nous avons touché 1,4 millions d’euros en 2019, nous sommes montés à 15 millions en 2020, on espère 50 millions en 2021», avance Edouard Caraco. Il faut dire que la crise du Covid-19 a été plutôt clémente pour les acteurs de la vente en ligne. «Les gens se sont rapatriés sur le commerce en ligne lors des confinements, maintenant on souhaiterait garder cette clientèle».

Un essor que les fondateurs doivent également au réseau social Instagram. Au même moment de la création de The Bradery, les stories éphémères d’Instagram se popularisent, tout comme la partie shopping. Les influenceurs pullulent et deviennent des hommes sandwichs pour les marques. «Ce réseau nous a permis de toucher une cible très jeune, 27 ans, c’est l’âge moyen de nos acheteuses», explique le cofondateur. Si l’influence marketing joue pour beaucoup dans leur commerce, la plateforme ne lésine pas sur son propre compte Instagram qui compte 277K abonnés. Sur leur compte, utilisé comme une vitrine virtuelle, les habits des marques vendus sont reshootés et publiés. Les commentaires des clients ne sont jamais laissés, ou presque, sans réponse. Et grâce à cette oreille tendue, The Bradery s’est diversifiée et a pu développer deux nouvelles verticales, basées sur les demandes de sa communauté. Depuis quelques mois maintenant, la plateforme propose des enseignes, premium toujours, spécialisées dans la décoration et le lifestyle. «Nous réfléchissons également à proposer un service voyage».

Shopping vert

Sur fond de crise écologique et culturelle, les marques de prêt-à-porter se doivent de lever le voile sur certaines zones d’ombres. La mode est passée au vert. Entre les plateformes de seconde main qui explosent, et les marques qui se veulent plus écoresponsables, où se situe la plateforme The Bradery ? Dans une interview parue dans la magazine Elle, Édouard Caraco soufflait : «Notre projet n’est pas né d’un engagement écologique profond. Mais c’est en découvrant les dessous du métier que nous avons souhaité en faire plus pour diminuer l’empreinte carbone de notre activité». Aujourd’hui il rajoute : «on se rend compte qu’il y a un réel besoin venant des marques de vendre leurs anciennes collections et nous souhaitons le faire le plus justement possible. À côté de cela, nous travaillons avec des associations au travers de notre fond de dotation The Bradery Cares, où nous leur reversons une partie de notre chiffre d’affaires», confie l’entrepreneur.
À terme, la plateforme souhaiterait s’internationaliser. Le cofondateur informe qu’un commercial pour les marchés Benelux et Italie vient d'être recruté. «Nous recevons beaucoup de demandes de la part des marques étrangères afin d’intégrer nos services. Avec ce profil nous pourrons proposer à notre clientèle des marques étrangères, en plus d’en démarcher de nouvelles». Leur prochaine conquête ? Le marché espagnol. 

Chiffres-clés

15 millions d'euros. Chiffre d'affaires 2020.

25. Nombre d’employés.
1 million. Nombre de visiteurs uniques par mois.
1,5 million d'euros. Investissements marketing en 2021.

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