Caroline Neyron, la politique autrement

On parle beaucoup du Mouvement Impact France ces derniers temps. Outre ses universités d’été ayant mis autour de la table plusieurs ministres ou le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le mouvement, qui représente plus de 6 000 entreprises françaises engagées dans la transition écologique et sociale, vient de voir sa coprésidente Eva Sadoun retenue parmi les 40 personnalités Forbes de l’année. Cet adoubement politico-économique, le mouvement le doit aussi à sa directrice générale Caroline Neyron.

« Une machine de guerre dotée d’une force de travail et de valeurs phénoménales, qui ne cherche pas la lumière », assure Nicolas Froissard, codirigeant du groupe SOS, qui a appris à connaître l’intéressée avant même son arrivée en 2016. « C’est une force motrice et le cœur du mouvement. Elle est convaincue de la mission de transition écologique et sociale de l’entreprise », salue Eva Sadoun. Et pourtant. Dès son plus jeune âge, c’est à une carrière politique que se promet plutôt la native des Yvelines. Issue d’un « milieu très peu politisé », Caroline Neyron se passionne vite pour le débat public et l’engagement. Se faisant une promesse : « être utile ». Commence à l’adolescence une quête qui la mène des meetings politiques aux engagements associatifs, multiples. Puis vient l’heure du choix, bac en poche. « C’était la musique ou la politique », retrace Caroline Neyron, qui opte pour la Sorbonne.

Génération Delanoë

Fraîchement diplômée, celle-ci plonge directement dans le grand bain en devenant cheffe de cabinet de la maire socialiste du 4e arrondissement, Dominique Bertinotti. Après avoir activement œuvré pour la campagne municipale de Bertrand Delanoë, elle s’engage à ses côtés. « Alors que je ne savais pas forcément vers quel camp me diriger, sa rencontre m’a permis d’éprouver l’action politique au quotidien », résume celle qui fait partie de la « génération Delanoë » également incarnée par Mathias Vicherat ou Gaspard Gantzer. C’est finalement au moment où elle accède à une fonction clé - conseillère communication et prospective au sein du cabinet du ministre de la Ville - que la bascule s’opère. « J’ai voulu passer du côté des ‘‘faiseux’’ », pèse-t-elle. Un néologisme qui en dit long sur les limites de l’(in)action politique. « Lorsque l’occasion s’est présentée de devenir directrice des programmes et de l’innovation sociale de Unis-Cité, début 2013, je n’ai pas hésité », confesse-t-elle. Une trajectoire qui lui permet de trouver sa voie et de contribuer à la montée en puissance de l’économie sociale et solidaire, jusqu’à rejoindre Impact France. Un modèle qui fait des émules. « Ce n’est pas un hasard si le mouvement agrège toute une nouvelle génération d’entrepreneurs et si sa voix porte désormais autant », appuie cette mère de deux enfants. Manière de tenir sa promesse autrement.