Tribune
Que ce soit à travers l'occasion, la réparation ou le recyclage, le secteur du retail est engagée dans une mutation profonde. L'essor du point de vente circulaire est un formidable terrain d’innovation.

Le greenwashing n’existe plus. Dans la plupart des entreprises, la RSE infuse, et les gens qui veulent agir sont de plus en plus nombreux. Tout le monde est en mouvement, à commencer par les retailers. En tant que partenaire du collectif Génération Responsable, en charge du chantier PDV (point de vente) circulaire, nous constatons tous les jours la transformation en cours.

D'abord, l’occasion est aujourd'hui plus qu’une tendance, c'est devenu un business. Le marché de l’occasion explose et plus personne ne peut le négliger. BackMarket et Vinted sont devenus des acteurs puissants, Veepee lance Re-Cycle…

Alors, le retail classique réagit, et toutes les enseignes y vont de leur test, comme Bricorama, associé au réseau Envie, dans son nouveau concept d’Orgeval. D’autres, comme la Fnac, sont déjà en phase de déploiement avec une mise en avant importante des produits seconde vie dans tous les magasins et sur le site web. Même les historiques de l’occasion doivent se réinventer : Easycash a par exemple développé un concept premium pour le centre-ville sous la marque d’Everso. Que ce soit pour des questions écologiques ou de pouvoir d’achat, les produits d’occasion sont devenus incontournables et une vraie opportunité de développement.

Vrai service du quotidien

Autre tendance, la réparation est devenue un service à valeur ajoutée. Le groupe Fnac-Darty l’a bien compris en lançant son abonnement Darty Max, et en rachetant le spécialiste de la réparation Wefix. Car la réparation doit devenir un must du retail.       Elle permet d’allonger la durée de vie des produits, ce qui est bon pour l’environnement et pour le portefeuille. C’est aussi un vrai service du quotidien pour un client qui a cassé son téléphone, sa trottinette ou veut réparer un manteau. Elle crée également du flux dans les magasins. Et pour finir, elle nourrit la relation entre une marque et ses clients.

On peut d’ailleurs s’étonner que les marques de luxe, si attachées au service client et à la mise en scène de leur savoir-faire, ne s’y intéressent pas plus dans le design magasin.

Les points de vente se tournent aussi de plus en plus vers une sélection plus responsable. Car à trop remplir les rayons de produits identiques, la distribution a oublié son rôle de sélectionneur. Là encore, il y a une opportunité fantastique pour un distributeur de créer une vraie différence.

L’alimentaire l’a bien compris en mettant en avant les produits bio ou locaux. Certains vont encore plus loin, comme La Ruche Qui Dit Oui !, qui a fondé son modèle sur les produits locaux et les circuits courts mais aussi sur la juste rémunération des producteurs. Idem dans le non-alimentaire. Par exemple Darty a lancé «Le Choix durable», une sélection de produits plus fiables et plus réparables, plébiscitée par les clients, puisque les ventes de ces produits ont explosé.

Créer du chiffre et du trafic

L’économie d’usage est une autre tendance majeure de la société. C'est une vraie opportunité pour enrichir le portefeuille de services et créer du chiffre et du trafic en plus. C'est le cas quand Monoprix permet à ses clients de louer une plancha, une machine à bière ou une crêpière le temps d’un week-end, pour renforcer encore sa promesse de proximité. Idem dans des enseignes de bricolage comme Leroy Merlin avec Loxam.

Pour boucler la boucle, un dernier ingrédient du point de vente circulaire est le recyclage. Il y a évidemment les obligations légales comme les DEEE ou le travail en profondeur de Nespresso, pour qui l’enjeu est stratégique et qui, en plus des points de collecte en magasin, a contribué à améliorer la filière de recyclage en créant l’Alliance pour le recyclage des capsules en aluminium. Mais à part cela, c’est un sujet souvent traité de manière trop anecdotique.

C'est le cas par exemple des boîtes à recyclage en façade des boutiques Boticario, au Brésil, ou de la machine à recycler Loop, mise en scène dans un magasin H&M à Stockholm. C’est spectaculaire, mais on est plus dans l’expérimentation et la communication que dans la vraie transformation. Difficile en effet de créer des gisements abondants en comptant uniquement sur les produits que les clients vont ramener en magasin. Malgré tout, cela montre l’engagement d’une enseigne, et peut permettre d’incarner une démarche plus profonde menée sur l’offre et le processus de fabrication.

Que ce soit pour créer du trafic, un service différenciant ou une offre plus abordable, le point de vente circulaire est donc définitivement un formidable terrain d’innovation et de transformation du retail.

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