Tribune

Considéré comme le jour le plus déprimant de l'année, le Blue Monday, qui tombait ce lundi 17 janvier, ne doit pas être une fatalité. A nous, spécialistes du marketing, de redonner à la période qui suit les fêtes une dynamique pérenne.

La communication (et la déprime) a souvent besoin de désigner un coupable. A ce titre, le Blue Monday a eu bon dos en faisant office, pendant près de 10 ans, de bouc émissaire et en devenant presqu’officiellement le «jour le plus déprimant de l’année». Une réussite marketing indéniable, puisque de nombreuses marques ou organisation se sont adossées à la date pour en faire un moment clé de leur stratégie, se voulant tantôt rassurantes, réconfortantes ou même, motivantes (invitation à faire du sport...), ou a minima présentes pour aider leurs clients à surmonter cette date devenue fatidique.

L’initiateur du concept lui-même, un certain Cliff Arnal, a dû faire amende honorable, constatant, probablement un peu sonné, que sa théorie s’était progressivement transformée en prophétie auto-réalisatrice : si le Blue Monday était désigné jour «le plus déprimant de l’année», il devenait potentiellement une date que beaucoup, à travers le monde, allaient appréhender, se barricadant derrière des murailles de compensations diverses, des plus anodines aux plus addictives - on peut imaginer le pire !

Aux sources d’anxiété déjà nombreuses et, soyons honnêtes, assez objectives - météo déprimante, finances à sec, vacances déjà lointaines, pour les plus «lights», s’ajoutent aujourd’hui de successives vagues pandémiques. Les organisations doivent s’adapter presqu’au jour le jour, créant une fatigue latente que notre Blue Monday ne risque pas d’arranger. Une récente étude estime même que près d’un salarié sur cinq en France est, ou a été, exposé au burn out, qui, après le mal de dos, pourrait bien devenir le nouveau mal du siècle. Tout aussi tendancieux, la grande démission observée aux US devrait nous alerter.

Nettoyer le début d’année de cette maussade perspective 

Plus concrètement, un regard sur les analytiques nous conforte dans l’idée : l’an passé, Captify se penchait sur les requêtes du mois de janvier et dévoilait des tendances saisissantes. Les secteurs du soin, hygiène-beauté ou bien-être, du voyage (ski ou destinations lointaines), mais aussi, des rencontres en ligne, marquent tous des pics tout à fait remarquables, attestant du besoin impérieux, s’il en fallait la preuve, de se choyer tout particulièrement en début d’année.

Ainsi, le mal est fait. Même s’il est désormais avéré que la formule définissant le Blue Monday était inventée, les temps ne semblent plus être à la légèreté face au sérieux de la situation. Comment, dans ce contexte, nettoyer le début d’année de cette maussade perspective ? Doit-on céder à la fatalité et patiemment attendre le 3e mardi de janvier pour se voir libérer du joug du Blue Monday qui, au demeurant, n’attend que nous pour redevenir une journée au moins aussi sympa que les autres ?

C’est certainement à nous, marketers de tous bords, de redonner à la période qui suit les fêtes une dynamique pérenne que les seules soldes ne réussissent visiblement pas à totalement combler. Ré-enchantons janvier, ré-enchantons l’année. Avec plus de 71% des sociétés déclarant suivre la satisfaction client (moins que l’Australie, mais mieux que les US ou l’Allemagne), la France a tous les atouts pour créer ce lien positif.

Certaines inspirations, marketing ou artistiques, vous en jugerez, pourraient aussi nous venir du monde de la musique, avec les opérations d’Orelsan et son film de jeunesse, ou plus récemment de Stromae qui, dans une saillie fort à propos et très touchante, nous a offert une variation sur le thème en plein direct du 20 Heures de TF1. A méditer, à apprécier. A tous, un joyeux mois de janvier.

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