Supplément RSE

Militants, chefs d’entreprise, start-uppers, personnalités publiques… Ils ont en commun la recherche concrète de nouveaux modèles pour enrayer les fatalités. Pour cette raison, ils font déjà partie de la solution.

Florian Delmas, président du groupe Andros

Dans son ouvrage Planète A, plan B, le dirigeant de 37 ans dresse un constat alarmant sur l’état climatique, avec un réchauffement qui pourrait atteindre 7 °C en 2100. Florian Delmas, petit-fils de maquignon lozérien, propose donc des pistes pour repenser d’urgence un système qu’il juge à bout de souffle. Parmi celles-ci, une éducation écocitoyenne fortement revalorisée pour impliquer le plus grand nombre mais aussi une entreprise qui doit être au cœur de la solution. Dernière idée majeure, la disparition du PIB. « Les indices de pilotage de l’ordre mondial ne peuvent plus uniquement glorifier la capacité d’un État à engendrer des revenus. L’approche doit être systémique et prendre en compte l’enjeu de la régulation carbonée, avec la soustraction au PIB d’une charge carbone intérieure », explique-t-il.

Elsa Chai, cofondatrice de Nota Climat

Avec son associé Vincent Pappolla, Elsa Chai a inventé le Yuka du greenwashing. L’appli Nota Climat permet ainsi de passer au crible l’engagement écologique de 500 marques de tous secteurs. Grâce à l’analyse des rapports RSE, une mention – insuffisante, modérée, forte – résume à chaque fois l’état de la trajectoire carbone d’une marque par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris. L’utilisateur peut aussi s’exprimer avec un swipe qui encourage ou acte la déception envers la marque. Pour Elsa Chai et Vincent Pappolla, l’exercice est vertueux puisque, « en éclairant les citoyens sur l’action réelle des entreprises, cela impacte directement leur réputation ». Avec, depuis mai dernier, 15 000 utilisateurs et 150 000 swipes, l’idée commence à séduire. Les deux fondateurs l’ont depuis enrichie avec OpenClimat, une base de données web recensant les actions des entreprises souhaitant jouer la transparence.

Théo Curin, athlète, conférencier, chroniqueur et comédien

La diversité a enfin son ambassadeur pour battre en brèche les stéréotypes. Théo Curin, amputé des quatre membres à l’âge de 6 ans, affiche une carrière étonnamment remplie pour ses 22 ans. Ce nageur a enchaîné en cinq ans l’obtention de deux titres de vice-champion du monde de paranatation, la traversée des 112 kilomètres du lac Titicaca dans une eau à 12 °C, ou encore la course Santa Fe-Coronda, l’une des plus difficiles en eau libre. Côté écran et papier glacé, le jeune Lorrain est tout aussi insatiable, jouant volontiers avec le mannequinat, la fiction et le journalisme. Après des apparitions dans Vestiaires, Plus belle la vie ou Handigang, il assure désormais une chronique hebdomadaire sur Franceinfo autour des futurs JO de Paris. Une énergie qui ne laisse pas les marques indifférentes : Biotherm avait déjà fait de lui son ambassadeur monde, tandis que Lacoste a dévoilé il y a six mois toute une collection à son nom.

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Le collectif étudiant Pour un réveil écologique

Après les étudiants de 1968, place à ceux de 2018, et notamment aux 30 000 signataires du manifeste Pour un réveil écologique, qui agissent sur la formation et l’emploi. Objectif : permettre à leurs pairs d’opérer un choix professionnel en pleine conscience pour construire une société à bas carbone. Avec leurs actions choc, ils ont d’ailleurs toute l’attention de décideurs économiques qui craignent d’être pointés du doigt. Dernier fait d’armes, une étude avec WWF France pour établir un palmarès des jobs incompatibles avec les limites planétaires à dix ans. La publicité, l’extraction pétrolière et l’aéronautique y figurent en bonne place. Autre action commando réalisée avec le soutien de la RATP : le rapport du Giec placardé dans bon nombre de stations de métro pour le rendre plus accessible. Prochaine cible ? Le Festival de Cannes, ses jets et ses yachts. Interpellée sur les réseaux sociaux, l’organisation de l’événement n’a pas encore répondu.

Anna Balez, cofondatrice de Lizee

Elle croit à un « mieux consommer » qui reposera, dans le prochain monde, sur l’usage et non la possession. Pour commencer à réinventer les modèles d’affaires en conséquence, elle a créé Lizee, logiciel de gestion des flux pouvant être intégré en marque blanche et en mode Saas (mis à disposition des utilisateurs) sur tout site e-commerce, pour créer une activité de seconde vie ou de location. La marque peut ainsi revendre ses produits exposés ou ses invendus, et fédérer ses consommateurs pour qu’ils puissent s’échanger leurs produits d’occasion. Autre option parfois concomitante : louer ses produits. Dans les deux cas, la plateforme gère également la partie logistique. Decathlon, Leroy Merlin, E. Leclerc, Maje et Petit Bateau ont déjà fait le pari de la réinvention circulaire avec Lizee. En ligne de mire pour cette start-up qui vient de lever 9 millions d’euros : contribuer à la diminution de moitié de la production d’objets neufs d’ici à quinze ans.

Théo Alves Da Costa, responsable de la data pour la transition écologique chez Ekimetrics et coprésident de l’ONG Data For Good

Ce trentenaire œuvre sur tous les fronts pour mettre la data au service des transitions. Ambassadeur pour le Mouvement Impact France, coprésident de l’ONG Data For Good, il est également responsable de la data pour la transition écologique chez Ekimetrics, société spécialisée en data sciences et IA, tout en gérant, à titre bénévole, le portail open data de The Shift Project. De multiples responsabilités pour nourrir une conviction forte sur les capacités réparatrices de la data science. « Elle a ce pouvoir de compenser une certaine lenteur face à l’urgence, mais aussi de redonner une vision globale systémique qui fait défaut pour accélérer l’envie d’agir », insiste-t-il. Théo Alves Da Costa s’est aussi lancé un défi plus personnel, celui de contribuer au plus vite, dans le cadre de ses fonctions, à l’économie d’émission de 10 millions de tonnes de CO2 par les entreprises, soit 2 millions de fois plus que son empreinte individuelle. Le compteur (vertueux) tourne à plein régime.

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Maud Caillaux, cofondatrice de Green-Got

Le rapport Banking on Climate Chaos estime qu’en huit ans, les 60 plus grandes banques mondiales auraient alloué 4 600 milliards de dollars aux énergies fossiles. « Dans ces banques, la somme de 4 000 euros émet indirectement deux tonnes de CO2 par an en moyenne. Quand nous limitons nos impacts quotidiens, notre argent peut amoindrir nos efforts », souligne Maud Caillaux. Pour faire face à ce non-sens, la jeune entrepreneuse et ses associés proposent depuis juin 2022 la banque 100 % digitale Green-Got, qui réoriente les flux financiers vers la transition. Pour six euros par mois, le compte courant permet de réaliser le suivi des émissions de CO2 des dépenses et les flux financent trois projets écologiques que sont la préservation de l’Amazonie, la dépollution des océans et la production d’électricité à bas carbone. La solution a déjà franchi le cap des 10 000 clients. Prochaine ambition pour cette Franco-Iranienne de 28 ans : la création de comptes épargne et assurances vie.

Julien Quidor dit Pasquet, cofondateur de The Good Company

Début 2019, ce natif du Loir-et-Cher attaché à ses racines se lance, avec son associé Luc Wise, dans la création d’un nouveau modèle d’agence. Leur idéal : aider les marques à faire de la RSE le moteur de leur activité et de leur communication, et intégrer nativement la donne dans toutes les composantes de l’agence elle-même (RH, écoproduction, castings issus de la diversité, actionnariat salarial important ou liste noire de certains secteurs). Et s’il y a débat sur l’activité d’un client, il est tranché par un vote collectif. L’idéal est devenu réalité, comme en témoignent les deux Effie d’or reçus par The Good Company lors de la dernière édition du prix. Entreprise à mission, l’agence est bien sûr certifiée B Corp et souscrit au 1 % pour la Planète. Autant de gages de confiance pour des clients comme Bouygues Immobilier, LVMH, Macif, Pierre Fabre, Pôle Emploi, Too Good To Go ou Sidaction.

Véronique Torner, responsable du programme Planet Tech’Care et vice-présidente de Numeum

Imaginer des entreprises françaises œuvrant ensemble pour un numérique responsable relève-t-il de l’utopie ? Plus depuis 2020, grâce au programme Planet Tech’Care porté par Véronique Torner, entrepreneuse mais aussi vice-présidente de Numeum. L’organisation professionnelle, fruit de la fusion du Syntec Numérique et de Tech in France, fait de ce sujet une priorité. La première phase du programme donne un coup d’accélérateur sur l’éducation au sujet chez ses membres, avec un système complémentaire de partenaires et d’ambassadeurs. Les premiers dotent le programme de contenus, les seconds s’engagent à en faire écho dans leurs organisations. L’initiative compte 735 signataires, dont 60 écoles et acteurs de la formation, des entreprises, ainsi qu’une vingtaine d’associations, telles que l’Institut du numérique responsable, le Cigref ou le Collège des directeurs du développement durable (C3D). Un premier pas déjà capable de toucher des milliers de personnes.

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