Et si j'étais président

Et si vous étiez la nouvelle présidente de la République ? Florence Verzelen, directrice générale adjointe en charge des industries, du marketing et du développement durable de Dassault Systèmes, est la septième invitée de la nouvelle saison d’Et si j’étais Président, une série réalisée par Majda Chaplain, CEO de MC Factory, en partenariat avec Stratégies.

Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?

La souveraineté numérique et la transition écologique. La souveraineté numérique parce qu’aujourd’hui le numérique est au cœur de toutes les innovations, de toutes les entreprises. Il est essentiel pour rendre notre économie et notre gouvernement plus efficaces. Et la transition écologique parce que c’est d’ici 2030 que tout va se passer sur le plan climatique. Soit nous sommes capables maintenant de changer de braquet, de construire un monde plus durable pour les générations suivantes, soit nous n’y arriverons pas. Et cette urgence climatique se répercute sur toutes les marques, sur toutes les entreprises. Elle commence à être de mieux en mieux appréhendée par les consommateurs et les citoyens. En fait, ce que je trouve intéressant dans ces deux priorités, c’est qu’elles se renforcent l’une l’autre. Parce que les entreprises industrielles, les villes, les régions, peuvent se transformer pour être plus écologiques, plus durables. Grâce au numérique justement.

Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?

Pour moi, l’un des enjeux dans le rôle sociétal des entreprises, c’est qu’elles soient mieux à l’écoute des parties prenantes. Elles doivent embarquer leurs clients mais aussi leurs collaborateurs, leurs fournisseurs, les communautés dans lesquelles elles vivent, les écoles et les universités avec lesquelles elles travaillent… Paul Polman, ancien PDG d’Unilever, a récemment sorti un livre, Net Positive, dans lequel il explique que les entreprises qui sont «net positive» peuvent créer un monde meilleur en améliorant constamment leurs produits et leurs services, et en s’inscrivant dans d’autres combats. Or, je pense qu’elles ont un rôle à jouer face aux défis climatiques et aux défis de l’éducation. Cela a été souligné lors de la COP26 à Glasgow, en novembre, où il se disait que le défi climatique serait résolu par les entreprises et non pas par les Etats. Parce que ce sont elles qui peuvent vraiment changer les choses à leur mesure. Mais encore faut-il qu’elles embarquent le défi climatique ainsi que l’écoute et le dialogue avec leurs parties prenantes, dans leur stratégie.

Pourquoi faut-il voter pour vous ?

Bonne question. Aujourd’hui, la raison d’être de Dassault Systèmes, c’est l’innovation durable, avec l’objectif «d’harmoniser les produits, la nature et la vie». Et je pense que les pays du monde entier sont à un tournant où tous nos business models vont être modifiés par cette exigence de durabilité. Or, si l’on veut changer la France également, il faut créer de l’innovation durable à l’échelle du pays. En tant que directrice générale adjointe de Dassault Systèmes, j’évolue dans une entreprise qui a un prisme très particulier : celui d’avoir inventé l’innovation durable il y a 40 ans, lors de sa création, et de l’avoir transmise à tous les secteurs que nous adressons. Être élue me permettrait donc d’apporter cette vision un peu décalée mais extrêmement puissante par rapport à la politique actuelle. Pour changer la France et l’amener à l’étape suivante.

Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier ministre ?

C’est une question difficile mais en y réfléchissant, je pense que je choisirais Pierre Messmer. C’est l’homme qui a lancé le programme nucléaire français et a assuré notre sécurité énergétique. Or, aujourd’hui, nous sommes de nouveau à un tournant. Nous avons trois domaines qui, selon moi, vont être clés pour le futur du pays : le spatial, le quantique et le cloud. Le spatial, parce que demain les data essentielles vont être transmises par des satellites ou des microsatellites. Pour que la France garantisse sa capacité d’innovation et puisse gérer ces nouveaux business model, elle doit donc rester une puissance importante du spatial. Le quantique parce que l’exactitude de ses calculs vont permettre de démultiplier de façon exponentielle tout ce qu’il est possible de faire aujourd’hui grâce au digital. Et le quantique est développé en France, cela pourrait nous conférer une capacité à innover extrêmement forte. Enfin, le cloud : aujourd’hui, près de 80% de nos données, dont des données stratégiques, sont hébergées par des acteurs non européens. Elles sont donc soumises aux lois d’autres pays. Il faut nous défendre de cela. Car si nous voulons vraiment être souverains, garder nos données en Europe est, pour moi, un enjeu clé.

Retrouvez l'interview en intégralité sur le site de MC Factory.

Les épisodes précédents :

- Fabien Versavau, président et CEO de Rakuten France

- Lisa Nakam, directrice associée de Jonak

- Omer Waysman, global e-commerce & business development director chez Danone

- Arnaud Leroux, directeur marketing de Asics

- Nathalie Rozborski, directrice marque et RSE de Maisons du Monde

- Valérie Dassier, directrice générale adjointe de IKKS Groupe, en charge de l’offre, du marketing et du digital

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