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Face à Auchan qui assume de rester en Russie en dépit de l'appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Kiev appelle au boycott de l’enseigne française.

Face à Auchan qui défend le maintien de ses activités en Russie malgré l'appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Kiev a répondu dimanche 27 mars en accentuant la pression par un appel au boycott. «Si Auchan ignore les 139 enfants ukrainiens assassinés pendant ce mois d'invasion russe, ignorons Auchan et tous ses produits», a lancé le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba, dans un message sur Twitter. Il s'exprimait quelques heures après que le groupe français a annoncé maintenir ses activités en Russie, arguant notamment de la nécessité de soutenir le pouvoir d'achat des Russes.

«Apparemment, les pertes d'emploi en Russie sont plus importantes que les morts en Ukraine», a tancé le ministre des Affaires étrangères ukrainien, qui réitère ainsi un appel déjà envoyé la veille, avant la réponse d'Auchan. L'enseigne est présente en Russie depuis une vingtaine d'années et emploie 30 000 personnes. Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message au Parlement français, avait exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir «la machine de guerre» russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin.

Mulliez, premier employer étranger en Russie

Dans un entretien au Journal du Dimanche, Yves Claude, PDG d'Auchan Retail International, a défendu un choix «pas simple». «Partir serait imaginable sur le plan économique mais pas du point de vue humain», a-t-il argué. Auchan, qui appartient à la galaxie Mulliez, premier employeur étranger en Russie avec 77 500 employés, réalise 10% de ses ventes mondiales en Russie, où l'enseigne affiche «un positionnement de discounter». «Nous pensons contribuer en période de forte inflation à protéger le pouvoir d'achat des habitants», souligne-t-il, précisant ne pas vouloir priver ses salariés, dont 40% sont actionnaires, de leur emploi et ses clients de leur pain quotidien. Auchan prévoit en outre des pertes pour 2022 dans le pays.

Décision qualifiée de «contre-productive»

«Il est facile de nous critiquer, mais nous on est là, on fait face et on agit pour la population civile», répond Yves Claude aux critiques qui appellent l'association familiale Mulliez (Leroy Merlin, Auchan ou encore Decathlon) à quitter la Russie, estimant que ses enseignes font d'elle un des plus gros contribuables pour le budget de l'État russe. Il rappelle également qu'Auchan a suspendu ses investissements en Russie et que sa filiale (232 magasins et des activités de commerce en ligne) y fonctionne «en autarcie». Comme d'autres groupes, il fait également valoir qu'un retrait exposerait ses dirigeants locaux à des poursuites et renflouerait les capitaux russes, une décision qualifiée de «contre-productive».

En Ukraine, où Auchan s’appuie sur 43 magasins (6 000 employés), les conditions sont «extrêmes» et des rupture de stocks de produits frais ont commencé à être observées car 90% des produits venaient de l'intérieur du pays. Des solutions d'approvisionnement depuis les pays limitrophes ont été mises en place cette semaine, précise le PDG. Peu après l'appel du président Zelensky, Dmytro Kouleba avait appelé au boycott de Renault. Le constructeur automobile français avait ensuite annoncé suspendre immédiatement les activités de son usine de Moscou et évaluer «les options possibles concernant sa participation» dans son importante filiale russe AvtoVAZ.

Lire aussi: Est-ce le rôle des marques de boycotter la Russie?

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