Portrait

Après un parcours dans le vin et dans la politique, l’entrepreneuse Audrey Bourolleau entend, avec la ferme qu’elle a fondée, Hectar, contribuer à bâtir la relève agricole.

Salon de l’Agriculture, début 2019. En tant que conseillère agriculture à l'Élysée, Audrey Bourolleau accompagne Emmanuel Macron à cet événement si prisé des politiques. « Nous portions un discours sur la souveraineté alimentaire », relate-t-elle, trois ans avant la guerre en Ukraine. Si elle a désormais quitté l’appareil d’État après une campagne présidentielle et une expérience en cabinet, le projet qu’elle porte n’en apparaît pas moins politique, et dans la lignée de la start-up nation. Depuis fin 2019, elle a mis en place et fait grandir Hectar, une ferme pilote établie à Lévis-Saint-Nom dans les Yvelines, financée par Xavier Niel. Cet espace de 600 hectares, que cette petite-fille d’agriculteurs a imaginé en partant de zéro et qu’elle porte avec une équipe de 23 salariés, est d'abord une ferme pour expérimenter une nouvelle façon d’exploiter une activité agricole alors que le modèle de transmission familiale s’épuise et 160 000 fermes seront à reprendre dans les trois ans en France. Mais c'est aussi un lieu de formation et de sensibilisation ainsi qu'un accélérateur de start-up.

« Que ce soit pour la ferme, la formation ou les start-up, trois choses me guident : trouver des modèles économiques, préserver les sols et mettre en place des pratiques d’agriculture régénératrice, prendre en compte le social en imaginant une façon de retourner dans ces métiers en retrouvant des équilibres de vie », détaille la cheffe d’entreprise, qui modélise chacun de ses projets, les teste, les adapte, avant de les dupliquer ou d’organiser la transmission. En avril, elle s'est lancée dans la production laitière avec, non pas un éleveur, un transformateur et un fromager, mais trois personnes capables de prendre toutes ces différentes casquettes. Elle a par ailleurs instauré une seule traite par jour l’après-midi, pour limiter la pénibilité du travail et donner envie de se lancer dans une carrière agricole. Le fonds Danone pour l’écosystème soutient le projet. Un schéma de transformation similaire devrait être dupliqué sur la culture des fleurs et sur le maraîchage.

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Sa vision d'agricultrice new age, Audrey Bourolleau la doit en partie à son parcours, notamment au sein de la filière viticole, dont les vins français s’exportent bien et bénéficient d’une bonne image. Son diplôme de l’ESC La Rochelle en poche, elle entame sa carrière comme chef de produit chez Baron Philippe de Rothschild, producteur de vins, puis rejoint le distributeur France Boissons, où elle a pour mission d’acculturer au vin 600 commerciaux. Changement de secteur avec Bic, qui vient la chercher, et lui permet d’acquérir une expérience à l’international, en formant des centaines de distributeurs en Iran, au Pakistan ou en Turquie, aux produits rasoirs et briquets. Une expérience qu'elle juge « transformante ». Puis retour au vin à travers la direction d’un syndicat de vins de Bordeaux puis de Vin & Société, lobby du secteur qu’elle dirige jusqu’à son arrivée en politique.

Parcours

1980. Naissance à Niort (Deux-Sèvres).

2003. Entre comme chef de produit chez Baron Philippe de Rothschild.

2006. Travaille au trade marketing à France Boissons.

2008. Passe chez Bic au trade marketing à l’international (Afrique, Moyen-Orient).

2012. Devient déléguée générale de Vin & Société.

2016. Campagne d’Emmanuel Macron dont elle deviendra la conseillère agriculture, pêche, forêt et développement rural.

2019. Fonde Hectar.

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