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Confrontés aux bouleversements sanitaires, économiques et sécuritaires ces dernières années, comment les professionnels du secteur se réinventent et s’adaptent à un marché en reprise mais qui reste contraint ? Tour d’horizon.

Après avoir traversé une forte zone de turbulences durant les deux années de crise sanitaire, le tourisme d’affaires (séminaires, voyages incentives…) reprend des couleurs et vient à rattraper son retard pouvant atteindre un niveau équivalent à celui de 2019.  « Nous avons été agréablement surpris par la reprise au premier semestre 2022 de cette activité qui a été fortement impactée par la pandémie. Nous n’avions pas évalué un redémarrage avant le second semestre 2022 ou l’année 2023. Les chiffres sont bien supérieurs à ceux de 2019 », indique Stéphane Abitbol, président du groupe S’cape.

Depuis le début du printemps, les professionnels du secteur font ainsi face à une demande croissante des entreprises et à de nouvelles problématiques. Ils doivent à nouveau faire preuve de professionnalisme et de créativité pour se réinventer et s’adapter aux enjeux d’un marché déjà ébranlé ces dernières années par d’autres bouleversements (attentats, crise économique…). « Notre métier demande désormais encore plus d’agilité. Nous devons effectuer un état des lieux car certains réceptifs, prestataires et/ou hôtels n’ont pas résisté à la crise. De fait, nous nous retrouvons face à une offre limitée et une baisse de la qualité des prestations en raison, entre autres, d’un manque de personnel. Le côté positif, c’est challengeant et motivant pour les équipes de repartir à zéro sur certains projets », expose Céline Pulido, directrice déléguée de Fancy Voyages (groupe La Phratrie). Ce que confirme Edwige Patin, gérante d’Adenium Conseil : « Toutes nos certitudes depuis des années sur l’hôtellerie et l’aérien en particulier, sont remises en cause. Nous devons être très vigilants sur toutes les prestations et les conditions d’annulation(s). Certains établissements réservés avant la crise ayant fermé, nous sommes contraints d’ajuster les programmes de nos clients ».

Pénurie de personnel, report(s) et forte demande de voyages (surtout en France et Europe) causent des embouteillages sur certaines destinations. Les moyens et longs courriers reprennent peu à peu mais ne sont pas épargnés par les difficultés (personnel, restrictions sanitaires…). « Nous vivons les reports de voyages de 2020 qui se sont concentrés sur l’Europe qui connaît une forte affluence. Il est difficile d’organiser des séjours en Italie, au Portugal et en Espagne. Ce sont les premières destinations qui ont rouvert et les plus demandées depuis la crise sanitaire. La Géorgie commençait à bien fonctionner avant la guerre en Ukraine, mais depuis la destination est à l’arrêt », exprime Sidonie Plottier, directrice d’Hopscotch Travel.

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Force est de constater que le marché est sous tension en raison d’une demande supérieure à l’offre en particulier en Europe (hormis les pays de l’Est proches de l’Ukraine). « Nous observons un durcissement des conditions de réservation et d’annulation dans les hôtels en France et à l’étranger depuis mars 2022 et nous nous heurtons à de grosses difficultés de disponibilité. Il peut y avoir deux ans d’attente pour certains établissements. Cela nous oblige à sortir de notre zone de confort, nous adapter et rechercher des nouveautés, même si ça a toujours été au cœur de notre métier », rapporte Joy Girbig, directrice de VEEvents (filiale de VoyagExpert) en pleine croissance avec le recrutement de quatre nouveaux collaborateurs cette année.  « Nous devons être à la fois créatifs, innovants et développer de nouvelles destinations sur le territoire. Nous avons par exemple organisé un premier séminaire au Havre avec des contenus à valeur ajoutée », ajoute Edwige Patin qui organise davantage, cette année, de séjours pour des groupes réduits en France.

Les voyages sur le territoire sont aujourd’hui une alternative pour répondre aux problématiques de sécurité, de hausse des coûts (inflation dans les transports, les prestations locales…) et de RSE (réduire son impact carbone, déplacements en train…). « La crise sanitaire a accéléré la sensibilisation à la RSE. C’est devenu un enjeu dans les voyages. Certains de nos clients choisissent la France ou l’Europe proche et privilégient le train pour s’inscrire dans la politique RSE de leur entreprise. Nous construisons nos propositions en ce sens », développe Céline Pulido. Désormais, les agences prennent bien la mesure des enjeux de RSE dans leur métier à travers des offres et services pour des événements et des voyages plus responsables (séminaires au vert et/ou bien-être, voyages incentive autour d’expériences locales…). 

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« Notre secteur se réinvente en prenant en compte la RSE mais aussi le bien commun. La RSE est aujourd’hui la religion des temps modernes de la jeunesse. Les entreprises l’entendent et sont désormais en attente de prestations responsables. Le Covid a boosté les activités authentiques et en plein air. Nous proposons aujourd’hui des voyages utiles (programme humanitaire…) et des expériences liées au bien-être et aux relations humaines », développe William Edel, Pdg de Wagram & Vous qui se positionne en « accélérateur de liens » à travers son nouveau pôle Expériences. « Les gens veulent préserver la planète tout en continuant à voyager. Nous pouvons participer à la sensibilisation sur les sujets de responsabilité des collaborateurs lors des voyages mais aussi sur les appels d’offres », suggère Sidonie Plottier.

La RSE reste un critère dans une démarche globale de l’achat, le temps est sans doute venu de passer au développement d’une vraie politique de tourisme d’affaires éco-responsable au sein des entreprises pour concilier au mieux événements/voyages et enjeux environnementaux.

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