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L’actionnaire de Camaieu «a demandé une avance de l’État» pour boucler son plan de relance du géant nordiste de prêt-à-porter, en redressement judiciaire, une demande accueillie froidement par Bercy.

« Il s’agirait d’une intervention de l’État sous avance remboursable », a précisé à l’AFP Wilhelm Hubner, président d’Hermione People and Brands (HPB), la division distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB) menée par l’homme d’affaires Michel Ohayon, qui avait repris Camaieu en 2020. Joint par l’AFP, le ministère de l’Économie et des Finances a jugé que cette demande n’était pas « réaliste ».

« L’actionnaire demande à l’État de prendre en charge plus des deux tiers de l’apport nécessaire au financement du plan de reprise, en plus de l’abandon de l’ensemble des dettes publiques existantes », détaille Bercy. Si l’État « doit bien entendu faire le maximum pour préserver l’emploi et l’activité », il ne peut « en aucun cas se substituer aux actionnaires », objecte le ministère.

Le tribunal de commerce de Lille doit examiner mercredi le plan de continuation de Camaieu, placé en redressement judiciaire le 1er août avec des dettes de 240 millions d’euros, dont quelque 70 millions d’impayés de loyers, selon Wilhelm Hubner. Ce plan prévoit la fermeture de 208 magasins et la suppression de quelque 500 emplois sur environ 2 600.

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« Tout le monde sait qu’il y a urgence » pour sauver Camaieu, ce qu’HPB « est le seul » à pouvoir faire, après le retrait de divers candidats à la reprise, dont le fonds américain Gordon Brothers, a souligné Wilhelm Hubner. En cas de rejet du plan de relance par le tribunal de commerce, l’autre option serait la liquidation, a-t-il dit. Au terme de ce plan, Camaieu « se séparerait de 208 magasins structurellement non rentables », en garderait 308 et préserverait « 80 % des 2 600 emplois », a-t-il détaillé.

Son financement repose sur la cession - si elle est autorisée par le tribunal - du siège et entrepôt de Camaieu, à Roubaix, qui serait racheté par FIB, pour 14 millions d’euros en vu de « sa valorisation » puis de sa revente, censée rapporter selon Wilhelm Hubner « de 55 à 63 millions d’euros ». À l’appui de la demande de placement en redressement judiciaire de l’enseigne, HPB - qui détient notamment Go Sport, La Grande Récré et 23 magasins affiliés Galeries Lafayette - avait invoqué les conséquences d’un arrêt de la Cour de cassation imposant aux commerçants de régler les loyers impayés lors de la période covid.

Camaieu avait, selon ses dirigeants, déjà été fragilisé par une série de difficultés : crise sanitaire, cyberattaque au coût chiffré à 40 millions d’euros et conséquences de la guerre en Ukraine. En août 2020, la FIB avait repris 511 des 634 magasins Camaieu en France et environ 2 600 salariés sur plus de 3 100, dans le cadre d’une cession pilotée par le tribunal de commerce.

La nouvelle direction s’était donné deux ans pour ramener l’entreprise à l’équilibre. Mais les pertes d’exploitation ont atteint 93 millions pour 333 millions de chiffre d’affaires sur la période de seize mois depuis la reprise.

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