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Comment Nice-matin a absorbé Var-matin
15/01/1999Le groupe Hachette a mené tambour battant la fusion entre Nice-matin et Var-matin. Récit d'une opération commando.
Tout est allé très vite. Il ne se sera pas passé plus de sept mois entre le rachat deNice-matinpar Hachette Filipacchi Médias et sa fusion avecVar-matin,déjà propriété du groupe.«Nous étions pressés et cela a servi tout le monde»,confie Patrick Andrieu, l'ancien deNice-matinqui a piloté l'opération sur le terrain. Le départ de quelque 130salariés et la mutation d'une soixantaine d'autres sur Nice et Marseille (sur un total de 350) n'ont d'ailleurs guère fait de vagues dans une équipe pourtant très fortement syndiquée.«Pour réussir, nous n'avons pas lésiné sur les moyens,assure Michel Comboul, Pdg du quotidien niçois.Les salariés venus à Nice ont bénéficié, par exemple, d'une aide à la vente de leurs appartements dans le Var et d'une aide à l'achat de leur nouveau logement dans les Alpes-Maritimes.»Évidemment, le coût du plan social (près de 50millions de francs) s'en est ressenti, même si la direction du groupe Hachette souligne qu'il faut le relativiser, puisqueNice-matina récupéré l'impression deVar-matinsur ses rotatives, qu'elle peut vendre l'outil industriel deVar-matinet que l'ouverture d'une clause de cession aurait, de toute façon, coûté très cher.«Nice-matina d'ores et déjà restauré ses marges»,affirme même Michel Comboul qui promet une nette amélioration de la rentabilité du titre en 1999. Fort de l'expérience, menée un an plus tôt avec la fusion duProvençalet duMéridional,Hachette a tout fait pour que la réorganisation se déroule dans de bonnes conditions. Le pari n'était pas gagné d'avance car les deux équipes rédactionnelles, jusque-là concurrentes, étaient de culture professionnelle et politique différente.«Nous avons fait attention à équilibrer les responsabilités entre les anciens deVar-matinet deNice-matin»,précise Patrick Andrieu. Son propre adjoint est issu du quotidien varois. Cette réorganisation a aussi été l'occasion de rajeunir et de féminiser les équipes. Le chef de la puissante agence de Toulon, Patrice Maggio, n'a lui-même que trente-quatre ans. Délégué syndical SNJ/ CGT, sa nomination apparaît volontiers comme provocatrice, eu égard aux déboires quotidiens que rencontre la rédaction avec la mairie Front national.«La situation est délicate,reconnaît ce dernier.La seule alternative est de se comporter en journaliste, non en militant.»La préparation de la nouvelle formule s'est faite dans des délais tout aussi serrés.«Nous avons inventé un nouveau journal en 24heures,poursuit-il.Nous avons choisi de le faire dans l'urgence car nous voulions un journal réactif, chaud, méridional, qui allie la fraîcheur et la spontanéité deVar- matinavec la rigueur et le professionnalisme deNice-matin.»La création deLa Provencea-t-elle servi de modèle?«Certainement pas. À notre goût, c'est un journal trop réfléchi, trop intellectuel.»Il a aussi fallu revoir le redécoupage géographique en sept éditions locales (contre huit précédemment), dont la pagination a été dopée de deux à quatre pages selon les cas. Élaborée dans l'urgence, la nouvelle formule a néanmoins tenu compte de la spécificité du Var, où les habitants de l'ouest du département sont plutôt tournés vers Toulon quand ceux de l'est regardent davantage vers Cannes et Nice. La séparation est telle que le nouveau titre propose des petites annonces spécifiques pour chacune des deux zones ou que certaines éditions suivent plutôt, en football, l'Olympique de Marseille (à l'ouest) ou l'équipe de Monaco (à l'est).
Risques de duplication sur certaines zones
Quatre mois après cette fusion, les lecteurs semblent plutôt satisfaits, les critiques portant essentiellement... sur les mots croisés, la rubrique échecs ou encore la gastronomie.«Le nouveau journal est globalement bien, il y a beaucoup à lire et les sujets sont plus intéressants»,lance une lec- trice régulière.«En tant que citoyen, il n'est jamais bon de n'avoir qu'un seul titre,estime Laurent di Gennaro, patron de l'agence toulonnaise Interface.En tant que patron d'agence de publicité, la fusion nous a été très bien présentée, et suffisamment tôt. Il n'y a rien à dire.»Le bilan chiffré, lui, est plus mesuré, notamment en raison de la duplication des deux anciens quotidiens sur certaines zones comme Draguignan ou Le Lavandou.«Je me donne un ou deux ans pour retrouver la somme de la diffusion de l'ancienne édition deNice-matindans le Var(35000exemplaires)et deVar-matin (65000exemplaires), explique Michel Comboul.Je suis optimiste car nous avons déjà stabilisé l'érosion des ventes de feuVar-matin.»Il faudra également du temps pour regagner les recettes publicitaires logiquement perdues à cause de la fusion.«La disparition d'un titre a entraîné une baisse mécanique de la publicité légale,reconnaît-on à la régie.Nous subissons aussi un peu le retrait des grands distributeurs.»En revanche, l'homogénéité géographique désormais assurée pourrait séduire les annonceurs.