Mardi soir, à l'heure de notre bouclage, le patron de SFR et de Numericable était sur le point de racheter le groupe Express-Roularta. Il vise le news magazine et L'Expansion, et veut laisser le reste au Figaro. Amaury de Rochegonde @derochegonde

Patrick Drahi, la patron-propriétaire de Numericable et de SFR, est sur le point d’emporter le groupe Express-Roularta, soit une vingtaine de magazines. Dans son viseur, L’Express mais aussi L’Expansion, les autres titres (Point de vue, L’Etudiant, Mieux vivre…) ayant vocation à rejoindre le groupe Figaro.

 

Quant à l’autre offreur, Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, «il n’a pas jeté l’éponge, simplement on ne lui a pas répondu», explique-t-on dans l’entourage de l’homme d’affaires. Où l’on fait valoir qu’une proposition écrite supérieure à 40 millions d’euros et signé du président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, a été faite à Rik de Nolf, le patron belge de Roularta.

 

De là à penser que Patrick Drahi a bénéficié d’un régime de faveur en rencontrant Christophe Barbier, directeur général de L’Express, à la mi-décembre… Le fait est que l’entrepreneur franco-israélien, appuyé par son représentant Marc Laufer (01 Net et 01 Business), a été mieux disant financièrement.

 

«Il ne faut pas sous-estimer son intérêt pour l’information, rappelle Jean-Clément Texier, président de la Société financière de communication. Avant de se porter au secours de Libération [dans lequel il a investi 18 millions d’euros et qu’il devrait renflouer encore de 5 millions], il a beaucoup investi dans la chaîne d’info I24 News en Israël [qu'il possède à 85%]. Comme tous les opérateurs télécoms, il sait qu’en pleine compétition acharnée dans les tuyaux, avoir des contenus apporte de la valeur ajoutée.»

 

Des munitions

 

Face à Xavier Niel, que Patrick Drahi affronte aussi bien en France, avec SFR-Numericable contre Free, qu’en Israël, dans une guerre des prix autour de son groupe de télécoms leader Hot, il sait qu’il doit compter avec l’évolution réglementaire de la puissance publique. «Un média est une manière de se constituer des munitions», sourit Jean-Clément Texier. Niel a Le Monde? Drahi prend le contrôle de Libé. Niel met la main sur L'Obs? Il aura L’Express!

 

L'homme d'affaires peut compter sur Marc Laufer, ancien de NRJ et de Next Radio TV, pour serrer les coûts. Le Syndicat national des journalistes craint un «dépeçage du groupe par Dassault-Le Figaro et le milliardaire Drahi, particulièrement réputé pour la brutalité de son management». «Mais il n’y a pas de menace low cost, on est déjà low cost», souligne son délégué, Eric Marquis.

 

Le directeur général du Figaro, Marc Feuillée, ex-L’Express, est en tout cas bien placé pour connaître les failles et les synergies possibles avec ce groupe de 600 salariés, dont la moitié de journalistes. Mais aussi les pépites, comme les salons de L’Etudiant ou Point de vue.

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