Presse

La publication mercredi 14 janvier du numéro des survivants de Charlie Hebdo, qui doit être tiré, selon nos informations, à plus de 5,3 millions d'exemplaires, qui contient de nouvelles caricatures de Mahomet, n'a pas manqué de provoquer de vives réactions dans le monde musulman. Les grands médias et sites américains et la plupart des britanniques ont préféré éviter de publier la Une de l'hebdomadaire satirique, de peur de choquer.

 

Les talibans afghans ont condamné jeudi la publication de nouvelles caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo et salué les auteurs de l'attentat islamiste la semaine dernière contre le journal satirique français. Dans un communiqué mis en ligne jeudi, l'Emirat Islamique d'Afghanistan, nom officiel des talibans afghans, déplore la publication de nouvelles caricatures qui, selon lui, «provoquent les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans».   

«Nous appelons le monde, et en particulier les chefs de tous les Etats concernés, à empêcher de tels actes odieux», écrivent encore les talibans dans le communiqué, qui toutefois n'appelle pas les croyants à aller manifester.

 

En Afrique, le Sénégal, à forte majorité musulmane, a interdit la diffusion «par tout moyen» de l'hebdomadaire satirique et de Libération, qui a reproduit la une de son confrère. L'Iran a qualifié la couverture de Charlie Hebdo d'«insultante», tout en condamnant le terrorisme. Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a appelé les musulmans à «ignorer» cette «frivolité haineuse». Le mouvement chiite libanais Hezbollah, qui avait condamné l'attentat contre Charlie Hebdo, a estimé que la nouvelle caricature de Mahomet pouvait conduire à «plus d'extrémisme». Aux Philippines, 1 500 personnes ont manifesté mercredi à Marawi contre la caricature.   

 

Interdiction de reproduction des caricatures sur les sites webs turcs

 

Seul dans les pays musulmans, le quotidien d'opposition turc Cumhuriyet a bravé les mises en garde et les pressions en republiant la une de Charlie Hebdo ainsi qu'un encart en turc de quatre pages reprenant l'essentiel du numéro. Mais l'affaire est devenue très sensible en Turquie: un tribunal a ordonné mercredi le blocage des pages des sites qui publient la caricature de Mahomet. «La liberté d'expression n'autorise personne à dire tout ce qu'il veut», a argumenté le tribunal turc, basé à Diyarbakir (sud-est). «Les mots, écrits, dessins et publications qui dénigrent les valeurs religieuses et le prophète constituent une insulte pour les croyants». Ce qu'a implicitement approuvé le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu, déclarant après de la pressse turque que la liberté d'expression n'était pas «la liberté d'insulter».

 

Mercredi matin, les Français ont pris d'assaut les 27 000 points de vente de presse. Files d'attente et foires d'empoigne, inédites pour un journal, ont constitué une incroyable revanche pour un petit magazine d'humour provocateur qui ne vendait que 30.000 exemplaires chaque semaine. D'autant que sa une a été relayée par de très nombreux médias étrangers, lui donnant une audience mondiale.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.