La chaîne d'informations Al Arab, lancée dimanche 1er février, a été suspendue lundi 2 février après avoir invité un opposant au régime de Bahreïn, où elle a établi son siège. Sa rédaction cherchait à s'imposer comme une voix crédible face à Al Jazeera et l'autre chaîne saoudienne Al Arabiya.

Il n’aura pas fallu 24 heures pour que la nouvelle chaîne d’information saoudienne Al Arab, lancée dimanche pour concurrencer Al-Jazeera, interrompe ses programmes.  Aucune raison officielle n’a été donnée mais un quotidien de Bahreïn, où la nouvelle chaîne a établi son siège, a affirmé qu’Al Arab n’avait «pas respecté les traditions des pays du Golfe, dont l’impartialité de l’information et le rejet de tout ce qui est de nature à affecter l’esprit d’unité».

 

Lundi matin, la chaîne a continué de diffuser des spots publicitaires, mais a suspendu ses bulletins d’informations.

 

La nouvelle chaîne d’informations, attendue depuis près de cinq ans, appartient au prince Al-Walid, petit-fils d’Ibn Saoud, le fondateur de l’Arabie saoudite, et neveu du roi Abdallah, mort le 23 janvier. Elle est dirigée par Jamal Khashoggi, un ancien islamiste devenu journaliste qui avait interviewé Ben Laden et avait dû démissionner de la rédaction en chef du quotidien saoudien Al Watan, dont il avait été un animateur assez progressiste, critiquant notamment le salafisme.  Al Arab répond à «un besoin réel de chaîne indépendante et impartiale» a-t-il affirmé.  Selon Le Monde, le premier journal de la nouvelle chaîne avait pour invité l’opposant bahreïni Khalil Al-Marzouq, qui a critiqué la décision récente du royaume de Bahreïn de retirer leur nationalité à 72 personnes.

 

Concurrente d'Al Jazeera

 

Al Arab a été créée pour concurrencer Al Jazeera et représenter une alternative crédible à Al-Arabiya, autre chaîne saoudienne du groupe MBC (Middle East Broadcasting Center) créée en 2003 par un parent de la famille royale, le milliardaire Whalid al-Ibrahim, qui possède notamment des parts dans News Corp (Murdoch) et Euro Disney. La nouvelle chaîne Al Arab, qui se veut impartiale et transparente, est basée à Bahreïn, qui n’est pas réputé être un lieu de tolérance pour les journalistes, alors qu’Al-Arabiya a plus logiquement établi son siège à Dubaï, comme beaucoup de médias internationaux de la région (AFP, CNN, AP…).

 

Al Arab mise aussi sur une baisse de l’influence d’Al Jazeera qui s’était imposée pendant les révolutions arabes, en 2011, mais qui a fini par s’aliéner une partie des populations de la région, notamment en Egypte, en raison de son soutien inconditionnel aux Frères musulmans. La chaîne emploie 280 personnes dans une trentaine de pays. Contrairement à Al Jazeera, qui n’avait pas été soutenue par les annonceurs et les agences d’Arabie saoudite, Al Arab dispose dès le départ d’un soutien des annonceurs de la région à sa régie publicitaire. Un accord avec l’agence Bloomberg a été signé. Il doit l’aider à fournir cinq heures d’informations économiques par jour.

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